– Melanchthon, «
praeceptor Europae »
[= teacher of Europe]
two
articles (from the website of the
Melanchthon academy)

Students from all over Europe came to Wittenberg University — more students, in
fact, than any other German university during the Lutherian and Melanchthonian
era. No wonder, then, that William Shakespeare had Hamlet study in Wittenberg.
Not that Hamlet’s studies in Wittenberg are central to the plot of the tragedy.
Rather, the most famous monologue in the history of theatre — "to be or not to
be" — may have been influenced by somebody from Wittenberg, making Shakespeare’s
choice of Hamlet’s university anything but arbitrary. In his textbook on logic
("Erotemata Dialectices"), Melanchthon discusses in detail the basic principle
of logic: that something that is, cannot fail to be at the same time. To be or
not to be: that is the question on both minds, Hamlet’s and Melanchthon’s. Or
rather, that is the question that, without Melanchthon, Hamlet might never have
asked.
Shakespeare also had access to English translations of Melanchthon’s teachings.
In the 16th century, several English scholars translated more than 20 of
Melanchthon’s works into a more vulgar tongue, namely English. Lectures on
Melanchthon’s teachings are known to have been given at the Universities of
Cambridge, Eton and Oxford. "Praeceptor Angliae" is one of the many titles by
which Melanchthon became known. King Henry VIII himself attempted to bring
Melanchthon to England. Years later, in 1553, the University of Cambridge
decided to offer Melanchthon a position as a professor. Indeed, the British
Library even contains royal documents instructing the recipient to pay 100
pounds to defray Melanchthon’s travel expenses. Melanchthon, however, had always
declined such flattering offers from Germany and abroad and remained loyal to
the University of Wittenberg.

Philipp Melanchthon, De Rethorica
1524 edition. It was translated into English in 1532.
Philipp Melanchthon
et la France
La
gloire et la notoriété de Philipp Melanchthon s’étendaient aussi jusqu’en France
: il avait établi une correspondance régulière avec Guillaume Du Bellay ainsi
qu’avec Jean du Bellay, évêque de Paris et frère aîné du célèbre humaniste. Il
échangeait même des lettres avec Marguerite, sœur de François Ier et reine de
Navarre. Certaines de ses œuvres furent éditées à Paris et à Lyon. De son
vivant, un bon nombre de ses textes furent traduits en français et publiés en
France. Selon Etienne Dolet, le célèbre imprimeur d’Orléans, Melanchthon était
l’un des grands de la science et des lettres.
Quelles étaient donc les raisons pour la grande estime dont jouissait
Melanchthon en France ? La recherche sur la Réforme a révélé que, en France, le
nom de Melanchthon était plus connu que celui de Martin Luther: «Ce fut le plus
grand des Allemands connus dans la France d'alors». On l’appréciait en tant
qu’humaniste, expert en langues anciennes, commentateur des grands textes latins
et grecs, et aussi en tant qu’auteur de bon nombre de manuels de rhétorique, de
dialectique, de philosophie ainsi que de grammaires des langues classiques. Ses
grammaires du latin et du grec furent rééditées en France à plusieurs reprises.
Entre 1526 et 1532, la grammaire latine de Melanchthon fut rééditée quatre fois
par l’imprimerie de Robert Estienne à Paris. Une deuxième raison pour la grande
notoriété de Melanchthon en France se trouve dans un jugement émis par
Marguerite de Navarre à son compte: « Cet homme bon et saint, entièrement dévoué
à Dieu et grand amateur de paix, réticent à l’égard des passions violentes de
Luther et de Zwingli et qui ne désire rien d’autre que de mettre un terme aux
divergences des confessions… »
Ce
jugement démontre clairement quelles étaient les attentes envers Melanchthon :
il était censé être le médiateur entre les parties ennemies, il devait relancer
le dialogue entre catholiques et protestants et éviter la scission imminente de
l’Église. Bref, Melanchthon représentait l’espoir œcuménique de ses
contemporains dans toute l’Europe.
Là
où religion et politique sont étroitement liées, chaque querelle de religion
peut mener à une guerre et donc au déclin de l’État et de l’Église. Les guerres
de religion du 16e siècle jusqu’à nos jours ont confirmé les inquiétudes
évoquées par Melanchthon. En ce qui concerne la France, la position éminente de
Melanchthon se révéla pour la première fois en 1534 lors du dialogue entre les
deux confessions. François Ier mit tout en œuvre pour jeter les bases d’une
alliance avec les princes protestants allemands, et c’est la raison pour
laquelle il essaya de surmonter, par le biais de négociations, les obstacles
dressés par les points de vue divergents concernant la religion.
Ce
fut le rôle de Melanchthon d’établir une liste des points communs entre
catholiques et protestants de confession luthérienne et de la commenter, tâche
qu’il accomplit en rédigeant un rapport. Aux yeux de Melanchthon, il fallait se
baser sur l’Église primitive, c’est à dire l’Église des Apôtres et des Pères de
l’Église qui, après la mort du Christ, vivaient et œuvraient selon le véritable
esprit catholique.
Ce
qui comptait avant tout pour Melanchthon c’était que l’on s’explique sur les
points de discorde pour, ensuite, discuter des différences de fond dans une
atmosphère calme et sereine. Melanchthon avait exposé dans son rapport qu’il
fallait avoir recours aux hommes érudits et engagés pour la paix pour aborder
des points controversés et résoudre les différends. Un an plus tard, Melanchthon
reçut une lettre l’invitant à la cour de François Ier. La missive du 28 juin
1535 contient un éloge du zèle de Melanchthon dans la lutte pour l’unité de
l’Église et la proposition d’une dispute avec les meilleurs professeurs de la
Sorbonne.
Le
projet de discussions sur l’accord concernant les questions religieuses échoua à
cause de réflexions politiques et de calculs stratégiques qui ne visaient que le
court terme. Une fois de plus, une chance de rétablir l’unité de l’Église fut
perdue.
Il
ne faut pas sous-estimer l’influence de Melanchthon en tant qu’humaniste et
théologien de médiation en France et en Angleterre. Dans les deux pays, son nom
était plus connu que celui de Martin Luther. Il est également célèbre à cause de
son engagement personnel en 1541 auprès de François Ier en faveur des hérétiques
vaudois emprisonnés dans la région de Grenoble. L’humaniste français Joachim du
Bellay appela Melanchthon un « vir sapiens patriae » (sage de la patrie). Comme
Melanchthon avait rédigé des commentaires pour presque toutes les disciplines de
l’époque, le rayonnement de son œuvre s’étendit, par le biais des pays
calvinistes, jusqu’en Amérique du Nord.
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