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The Psalm poems of Clément Marot- the texts -
* For more background information read the introduction or consult the chronological summary. * The texts of all Marot's Psalm poems or paraphrases (versifications, but not always in stanzas) were published in two collections. When in 1543 they were published in one edition, the original order was maintained (30 Pss Trente Pseaulmes and 20 Pss Vingt Pseaulmes). Below I also retain this order, but to easily find each Psalm translated by Marot, here is the complete list in numerical order, with hyperlinks to the text:
* Concerning the layout, I print them as they appeared in the first editions, using the text, edited by G. Defaux in 1992 (which is freely available on the internet, but in plain text. I restored the original indents and/or blank lines between stanzas). You will notice that in the last 20 Pss. there are some that have no stanzas at all but are lyrical or epic poems (just jump to it, take a quick look and return here). Defaux reproduced the - in his opinion - final edition of Marot's Oeuvres as published by Etienne Dolet in 1543/44. This explains the relatively old-fashioned orthography (mainly for etymological purposes). The same Defaux also published a separate critical edition of the Psalms in 1995 (reprinted in ?) based on the 1543 [Geneva] edition Cinquante Pseaumes de David, in which the orthography is progressive. Defaux's editions are not flawless but can serve to gain access to the texts. Some clarification about a number of peculiarities:
Trente Pseaulmes de Davidmis en francoys, [selon la verite Hebraicque,] par Clement Marot, valet de chambre du Roy.
The Paris edition of the 50 Psalms (with the misleading title: 32 pseaulmes + 20 autres), Paris, Roffet, 1543.
I Pseaulme Premier, à deux versetz pour couplet à chanter Beatus vir qui non abiit.
Argument: Ce pseaulme chante, que ceulx sont bien heureulx, qui regettans les meurs, et le conseil des maulvais, s'adonnent à congnoistre, et mettre à effect, la Loy de Dieu: et malheureux ceulx, qui font au contraire. Chose propre pour consoler les bons.
Qui au conseil des malings n'a esté, Qui n'est au trac des pecheurs arresté, Qui des mocqueurs au banc place n'a prise: Mais nuict, et jour, la Loy contemple, et prise De l'Eternel, et en est desireux: Certainement cestuy là est heureux.
Et si sera semblable à l'arbrisseau Planté au long d'ung clair courant ruisseau, Et qui son fruict en sa saison apporte, Duquel aussi la fueille ne chet morte: Si qu'ung tel homme, et tout ce qu'il fera, Tousjours heureux, et prospere sera.
Pas les pervers n'auront telles vertus: Ainçoys seront semblables aux festus, Et à la pouldre au gré du vent chassée. Parquoy sera leur cause renversée En jugement, et touts ces reprouvés Au reng des bons ne seront point trouvés.
Car l'Eternel les justes congnoist bien, Et est soingneux et d'eulx, et de leur bien: Pourtant auront felicité, qui dure. Et pour aultant qu'il n'a ne soing ne cure Des mal vivants, le chemin qu'ilz tiendront, Eulx, et leurs faicts, en ruyne viendront.
-- Ever noticed how cleverly
Marot organises the first verse,
II Pseaulme Second, à deux coupletz differentz de chant, chascun couplet d'ung verset Quare fremuerunt gentes.
Argument: Icy veoit on comment David, et son royaulme, sont vraye figure, et indubitable prophetie de Jesuchrist, et de son regne. Pseaulme propre contre les Juifs.
Pourquoy font bruyt, et s'assemblent les gens? Quelle follie à murmurer les meine? Pourquoy sont tant les peuples diligens A mectre sus une entreprise vaine?
Bandez se sont les grands Roys de la terre, Et les Primats ont bien tant presumé De conspirer, et vouloir faire guerre Touts contre Dieu, et son Roy bien aymé:
Disants entre eulx desrompons, et brisons Touts les lyens dont lyer nous pretendent: Au loing de nous jectons, et mesprisons Le joug, lequel mectre sur nous s'attendent.
Ne s'en fera que rire de là hault. Le Toutpuissant de leur façon despite Se mocquera: car d'eulx il ne luy chault.
Lors s'il luy plaist, parler à eulx viendra En son courroux (plus qu'aultre espouventable) Et touts ensemble estonnés les rendra, En sa faveur terrible, et redoubtable.
Roys, dira il, d'où vient ceste entreprinse? De mon vray Roy j'ay faict election, Je l'ay sacré, sa couronne il a prinse Sur mon tres sainct, et hault [mont] de Sion.
Et je (qui suis le Roy, qui luy ay pleu) Racompteray sa sentence donnée: C'est qu'il m'a dict: Tu es mon Filz esleu, Engendré t'ay ceste heureuse journée.
Demande moy, et pour ton heritage Subjects à toy touts peuples je rendray: Et ton Empire aura cest advantage, Que jusqu'aux bords du monde l'estendray.
Verge de fer en ta main porteras, Pour les dompter, et les tenir en serre, Et s'il te plaist, menu les briseras, Aussi aisé, comme ung vaisseau de terre.
Maintenant donc, ô vous et Roys, et Princes, Plus entenduz, et sages devenez: Juges aussi de terres, et provinces, Instruction à ceste heure prenez.
Du Seigneur Dieu serviteurs rendez vous, Craignez son ire, et luy vueillez complaire: Et d'estre à luy vous resjouyssez touts, Ayants tousjours crainte de luy desplaire.
Faictes hommaige au Filz, qu'il vous envoye, Que courroucé ne soit amerement: Affin aussi que de vie, et de voye, Ne periss[i]ez trop malheureusement.
Car tout acoup son courroux rigoreux S'embrasera, qu'on ne s'en donra garde. O combien lors ceulx là seront heureux, Qui se seront mys en sa saulvegarde!
III Pseaulme Troisieme à ung verset pour couplet à chanter Domine, quid multiplicati sunt?
Argument: David assailly d'une grosse armée, s'estonne du commencement. Puis prend une si grande fiance en Dieu, qu'apres l'avoir imploré il s'asseure de la victoire. Pseaulme propre pour ung chef de guerre moins bien accompaigné que son ennemy.
Dont coucher m'en iray, En seurté dormiray, Sans craincte de mesgarde: Puis me resveilleray, Et sans peur veilleray, Ayant Dieu pour ma garde.
Cent mil' hommes de front Craindre ne me feront, Encor qu'ilz l'entreprinssent, Et que pour m'estonner, Clorre, et environner, De tous costés me vinssent.
Vien doncq', declaire toy Pour moy mon Dieu, mon Roy, Qui de buffes renverses Mes ennemys mordants, Et qui leur romps les dents En leurs bouches perverses.
C'est de toy Dieu treshault, De qui attendre fault Vray secours, et deffense: Car sur ton peuple estends Tousjours en lieu, et temps, Ta grand' beneficence.
Ps. 3, edition by Roffet, 1543
IV Pseaulme Quatriesme à ung verset pour couplet à chanter Cum invocarem, exaudivit me.
Argument: En la conspiration d'Abschalom, il invocque Dieu: reprent les princes d'Israel conspirans contre luy, les appelle à repentance: et conclud qu'il se trouve bien de se fier en Dieu. Pseaulme pour ung prince qu'on veult deposer de son throsne.
Quand je t'invocque, helas escoute, O Dieu de ma cause, et raison, Mon cueur serré, au large boute, De ta pitié ne me reboute, Mais exaulce mon oraison.
Jusques à quand gens inhumaines, Ma gloire abbatre tascherez? Jusques à quand emprinses vaines, Sans fruict, et d'abusion pleines Aymerez vous, et chercherez?
Sachez, puis qu'il le convient dire, Que Dieu pour son Roy gracieux Entre touts m'a voulu eslire: Et si à luy crie, et souspire, Il m'entendra de ses haults cieulx.
Tremblez doncques de telle chose, Sans plus contre son vueil pecher: Pensez en vous ce que propose, Dessus voz licts, en chambre close, Et cessez de plus me fascher.
Puis offrez juste sacrifice, De cueur contrict, bien humblement, Pour repentance d'ung tel vice: Mectant au Seigneur Dieu propice Voz fiancés entierement.
Plusieurs gens disent, qui sera ce, Qui nous fera veoir force biens? O Seigneur, par ta saincte grâce, Vueilles la clarté de ta face Eslever sur moy, et les miens.
Car plus de joye m'est donnée Par ce moyen (ô Dieu tres hault) Que n'ont ceulx qui ont grand' année De froument, et bonne vinée, D'huyles, et tout ce qu'il leur fault.
Si qu'en paix, et en seurté bonne Coucheray, et reposeray. Car Seigneur, ta bonté l'ordonne: Et elle seulle espoir me donne, Que seur, et seul regnant seray.
V Pseaulme Cinquiesme à ung verset pour couplet à chanter Verba mea auribus percipe.
Argument: David en exil ayant beaucoup souffert, et s'attendant souffrir d'advantaige, par les flatteurs qui estoient autour de Saül, dresse sa priere à Dieu, puis se console, quand il pense que le Seigneur a tousjours les maulvais en hayne, et qu'il favorise les bons. Pseaulme propre contre les calumniateurs.
Aux parolles que je veulx dire, Plaise toy l'oreille prester, Et à congnoistre t'arrester Pourquoy mon cueur pense, et souspire, Souverain Sire.
Entends à la voix tres ardante De ma clameur mon Dieu, mon Roy, Veu que tant seullement à toy Ma supplication presente J'offre, et presente.
Matin devant que jour il face, S'il te plaist, tu m'exaulceras: Car bien matin prié seras De moy, levant au ciel la face, Attendant grâce.
Tu es le vray Dieu, qui meschance N'aymes point, ne malignité: Et avec qui (en verité) Malfaicteurs n'auront accointance, Ne demourance.
Jamais le fol, et temeraire N'ose apparoir devant tes yeulx: Car tousjours te sont odieux Ceulx, qui prennent plaisir à faire Maulvais affaire.
Ta fureur pert, et extermine Finablement touts les menteurs. Quant aux meurtriers, et decepteurs, Celluy qui terre, et ciel domine Les abomine.
Mais moy, en la grand' bonté mainte, Laquelle m'as faict savourer, Iray encores t'adorer En ton Temple, en ta maison saincte, Dessoubs ta crainte.
Mon Dieu, guide moy, et convoye Par ta bonté, que ne soys mys Soubs la main de mes ennemys: Et dresse devant moy ta voye, Que ne forvoye.
Leur bouche rien de vray n'ameine, Leur cueur est feint, faulx, et couvert, Leur gosier ung sepulchre ouvert: De flatterie faulse, et vaine Leur langue est pleine.
O Dieu, monstre leur qu'ilz mesprennent: Ce qu'ilz pensent faire deffaicts: Chasse les, pour leurs grands meffaicts: Car c'est contre toy qu'ilz se prennent, Tant entreprennent!
Et que touts ceulx se resjouyssent, Qui en toy ont espoir, et foy: Joye auront sans fin dessoubs toy, Avec ceulx qui ton Nom cherissent, Et te beneissent.
Car de bien faire tu es large A l'homme juste, ô vray Saulveur, Et le couvres de ta faveur, Tout ainsi comme d'une targe Espesse, et large.
VI Pseaulme Sixiesme, à ung verset pour couplet à chanter Domine, ne in furore tuo arguas me.
Argument: David malade à l'extremité, a horreur de la mort, desire avant que mourir, glorifier encores le nom de Dieu: puis tout acoup se resjouyt de sa convalescence, et de la honte de ceulx qui s'attendent à sa mort. Pseaulme propre pour les malades.
Ne vueilles pas, ô Sire, Me reprendre en ton ire, Moy, qui t'ay irrité: N'en ta fureur terrible Me punir de l'horrible Tourment, qu'ay merité.
Ains, Seigneur, vien estendre Sur moy ta pitié tendre, Car malade me sens. Santé doncques me donne: Car mon grand mal estonne Touts mes os, et mes sens.
Et mon Esprit se trouble Grandement, et au double, En extreme soucy. O Seigneur plein de grâce, Jusques à quand sera ce, Que me lairras ainsi?
Helas, Sire, retourne: D'entour de moy destourne Ce merveilleux esmoy. Certes grande est ma faulte, Mais, par ta bonté haulte, De mourir garde moy.
Car en la mort cruelle Il n'est de toy nouvelle, Memoire, ne renom. Qui penses tu, qui die, Qui loue,et psalmodie En la fosse ton Nom?
Toute nuict tant travaille, Que lict, chalit, et paille, En pleurs je fays noyer: Et en eau' goutte à goutte S'en va ma couche toute, Par si fort larmoyer.
Mon oeil pleurant sans cesse De despit, et destresse, En ung grand trouble est mys: Il est envieilly d'ire, De veoir entour moy rire Mes plus grands ennemys.
Sus, sus, arriere iniques, Deslogez tyranniques, De moy touts à la foys: Car le Dieu debonnaire De ma plaincte ordinaire A bien ouy la voix.
Le Seigneur en arriere N'a point mys ma priere, Exaulcé m'a des cieulx: Receu a ma demande Et ce que luy demande Accordé m'a, et mieulx.
Doncques honteux deviennent Et pour vaincuz se tiennent Mes adversaires touts. Que chascun d'eulx s'eslongne Subit, en grand' vergongne, Puis que Dieu m'est si doulx.
VII Pseaulme Septiesme à ung verset pour couplet à chanter Domine Deus meus in te speravi.
Argument: Il prie d'estre preservé de la grande persecution de Saül, mect en avant son innocence, requiert le royaulme à luy promis, et confusion à ses adversaires. Finalement, il chante qu'ilz periront de leurs propres glaives, et en loue Dieu. Pseaulme pour ung prince qui en guerre a le droit pour soy. Mon Dieu, j'ay en toy esperance: Donne moy donc saulve asseurance De tant d'ennemys inhumains, Et fays, que ne tombe en leurs mains:
Affin que leur chef ne me gripe, Et ne me desrompe, et dissipe, Ainsi qu'ung Lyon devorant, Sans que nul me soit secourant.
Mon Dieu, sur qui je me repose, Si j'ay commys ce qu'il propose, Si de luy faire ay projecté, De ma main, tour de lascheté:
Si mal pour mal j'ay voulu faire A cest ingrat, mais au contraire, Si faict ne luy ay tour d'Amy, Quoy qu'à tort me soit ennemy:
Je veulx, qu'il me poursuyve en guerre, Qu'il m'attaigne, et rue par terre, Soit de ma vye ruyneur, Et mecte à neant mon honneur.
Leve toy donc, leve toy Sire Sur mes ennemys en ton ire, Veille pour moy, que je soys mys Au droit, lequel tu m'a promys.
A grands trouppeaulx le peuple vienne Autour de la Majesté tienne: Soys pour la cause de nous deux Hault eslevé au milieu d'eulx.
Là des peuples Dieu sera Juge. Et alors, mon Dieu, mon refuge, Juge moy en mon equité, Et selon mon integrité.
La malice aux malings consomme Et soustien le droict, et juste homme, Toy juste Dieu, qui jusqu'au fons Sondes les cueurs maulvais, et bons.
C'est Dieu, qui est mon asseurance, Et mon pavoys: j'ay esperance En luy, qui garde, et faict vainqueur Ung chascun, qui est droict de cueur.
Dieu est le Juge veritable De celluy qui est equitable, Et de celluy, semblablement, Qui l'irrite journellement.
Si celluy, qui tasche à me nuire Ne se veult changer, et reduire, Dieu viendra son glaive aguiser, Et bander son arc, pour viser.
Desjà le grand Dieu des alarmes Luy prepare mortelles armes: Il faict dards propres, et servants A poursuivre mes poursuivants.
Et l'aultre engendre chose vaine, Ne conçoit que travail, et peine, Pour enfanter (quoy qu'il en soit) Le rebours de ce, qu'il pensoit.
A caver une grande fosse Il met solicitude grosse: Mais en la fosse qu'il fera Luy mesmes il tresbuchera.
Le mal, qu'il me forge, et appreste Retournera dessus sa teste: Brief, je voy le mal qu'il commet Luy descendre sur le sommet.
Dont louange au Seigneur je donne, Pour sa Justice droicte, et bonne: Et tant que terre hanteray, Le nom du Treshault chanteray.
VIII Pseaulme Huictiesme à ung verset pour couplet à chanter Domine, Dominus noster, quam.
Argument: Avecques grande admiration, David celebre icy la merveilleuse puissance du createur de toutes choses, et la grande bonté dont il a daigné user envers l'homme, l'ayant faict tel qu'il est. Pseaulme que toute creature humaine devrait sçavoir et chanter.
O Nostre Dieu, et Seigneur amyable Combien ton Nom est grand, et admirable, Par tout ce val terrestre spacieux, Qui ta puissance esleve sur les cieulx!
En tout se voit ta grand vertu parfaicte, Jusqu'à la bouche aux enfants, qu'on allaicte, Et rendz par là confuz, et abbatu Tout ennemy, qui nie ta vertu.
Mais quand je voy, et contemple en courage Tes cieulx, qui sont de tes doigts hault ouvrage, Estoilles, Lune, et signes differents, Que tu as faictz, et assis en leurs rengs.
Adonc je dy apart moy (ainsi comme Tout esbahy) et qu'est ce que de l'homme? D'avoir daigné de luy te souvenir, Et de vouloir en ton soing le tenir?
Tu l'as faict tel, que plus il ne luy reste, Fors estre Dieu: car tu l'as, quant au reste, Abondamment de gloire environné, Remply de biens, et d'honneur couronné.
Regner le fays sur les oeuvres tant belles De tes deux mains, comme Seigneur d'icelles. Tu as de vray, sans quelque exception, My soubs ses piedz tout en subjection:
Brebis, et Boeufz, et leur peaulx, et leurs laines, Touts les trouppeaulx des haultz montz, et des plaines, En general, toutes bestes cerchants A pasturer, par les boys, et les champs:
Oyseaulx de l'air, qui vollent, et qui chantent, Poissons de mer, ceulx qui nagent, et hantent Par les sentiers de mer, grands, et petits, Tu les as touts à l'homme assubjectis.
O Nostre Dieu, et Seigneur amyable, Comme à bon droict est grand, et admirable, L'excellent bruyt de ton Nom precieux, Par tout ce val terrestre spacieux!
IX Pseaulme Neufviesme à ung verset pour couplet à chanter Confitebor tibi Domine in toto corde meo.
Argument: C'est ung chant triumphal, par lequel David rend grâces à Dieu de certaine bataille qu'il gaigna, en laquelle mourut son principal ennemy (aulcuns estiment que ce fut Goliath): apres il magnifie la justice de Dieu, qui venge les siens en temps et lieu. Pseaulme propre pour un chef de guerre vaincueur.
De tout mon cueur t'exalteray Seigneur, et si racompteray Toutes tes oeuvres nonpareilles, Qui sont dignes de grands merveilles.
En toy je me veulx resjouyr, D'aultre soulas ne veulx jouyr: O Treshault, je veulx en cantique Celebrer ton Nom autentique:
Pource que par ta grand' vertu Mon ennemy s'enfuyt battu, Desconfit de corps, et courage, Au seul regard de ton visage.
Car tu m'a esté si humain, Que tu as prins ma cause en main, Et t'es assis, pour mon refuse, En chaire, comme juste Juge.
Tu as deffaict mes ennemys, Le meschant en ruyne mys: Pour tout jamais leur renommée Tu as estainte, et consumée.
Or çà, ennemy cault, et fin, As tu mys ton emprinse à fin? As tu razé noz cités belles? Leur nom est il mort avec elles?
Non, non: le Dieu, qui est là hault, En regne, qui jamais ne fault, Son Throsne a dressé tout propice Pour faire raison, et justice.
Là jugera il justement La terre ronde entierement, Pesant les causes en droicture De toute humaine creature.
Et Dieu la retraicte sera Du paovre, qu'on pourchassera, Voire sa retraicte opportune, Au plus dur temps de sa fortune.
Dont ceulx, qui ton Nom congnoistront, Leur asseurance en toy mectront: Car Seigneur, qui à toy s'addonne, Ta bonté point ne l'abandonne.
Chantez en exultation Au Dieu, qui habite en Sion: Noncez à gens de toutes guises Ses oeuvres grandes, et exquises.
Car du sang des justes s'enquiert, Luy en souvient, et le requiert: Jamais la clameur il n'oublie De l'affligé, qui le supplie.
Seigneur Dieu, ce disoys je en moy, Voy par pitié, que j'ay d'esmoy Par mes ennemys remplys d'ire, Et du pas de mort me retire:
Affin qu'au milieu de l'enclos De Sion, j'annonce ton los: En demenant resjouyssance, D'estre recoux par ta puissance.
Incontinent les malheureux, Sont cheutz au piege faict par eulx: Leur pied mesme s'est venu prendre Au filé, qu'ilz ont osé tendre.
Ainsi est congneu l'immortel, D'avoir faict ung jugement tel, Que l'inique a senty l'oultrage, Et le mal de son propre ouvrage.
Croyez, que tousjours les meschants S'en iront à bas tresbuchants, Et toutes ces gens insensées Qui n'ont point Dieu en leurs pensées.
Mais l'homme paovre humilié Ne sera jamais oublié: Jamais de l'humble estant en peine, L'esperance ne sera vaine.
Vien Seigneur, monstre ton effort, Que l'homme ne soit le plus fort: Ton pouvoir les gens venir face En jugement devant ta face.
Seigneur Dieu, qui immortel es, Tressaillir de crainte fay les: Donne leur à congnoistre, comme Nully d'entre eulx n'est rien, fors qu'homme.
X Pseaulme Dixiesme à deux versetz pour couplet à chanter Domine ut quid recessisti longe.
Argument: Icy les biens vivans se plaignent à Dieu que toutes manieres de meschantz regnent au monde, dont les povres et petits sont oppressez: et y sont descriptes les meschancetez dont envers eulx usent les mal vivans. Pseaulme propre pour le temps qui court.
Dont vient cela, Seigneur, je te supply, Que loing de nous te tiens, les yeulx couverts? Te caches tu, pour nous mectre en oubly? Mesmes au temps, qui est dur, et divers? Par leur orgueil sont ardants les pervers A tourmenter l'humble, qui peu se prise: Fais que sur eulx tombe leur entreprise.
Car le maling se vante, et se faict seur, Qu'en ses desirs n'aura aulcun deffault: Ne prisant rien que l'avare amasseur, Et mesprisant l'Eternel de là hault. Tant est il fier, que de Dieu ne luy chault: Mais tout cela, qu'il pense en sa memoyre, C'est Dieu n'est point, et si ne le veult croyre.
Tout ce qu'il fait tend à mal sans cesser, De sa pensée est loing ton jugement: Tant est enflé, qu'il cuyde renverser Ses ennemys, à souffler seullement. En son cueur dit: D'esbranler nullement Garde je n'ay: car je sçay qu'en nul eage Ne peult tomber sur moy aulcun dommage.
D'ung parler feint, plein de deception, Le faulx parjure est tousjours embouché: Dessoubs sa langue avec oppression, Desir de nuyre est tousjours embusché. Semble au brigand, qui sur les champs caché, L'innocent tue en caverne secrette, Et qui de l'oeil paovres passants aguette.
Aussi l'inique use du tour secret Du Lyon cault en sa taniere, helas, Pour attraper l'homme simple, et paovret, Et l'engloutir, quand l'a prins en ses laqs. Il faict le doulx, le marmiteux, le las: Mais soubs cela, par sa force perverse, Grand' quantité de paovres gens renverse.
Et dit encor, en son cueur vicieux, Que Dieu ne veult la souvenance avoir De tout cela: et qu'il couvre ses yeulx, A celle fin de jamais n'en rien veoir. Leve toy doncq, Seigneur, pour y pourveoir: Haulse ta main dessus, je te supplie, Et ceulx qui sont persecutés n'oublie.
Pourquoy irrite, et contemne en ses faicts L'homme meschant le Dieu doulx, et humain? En son cueur dit qu'enqueste tu n'en fais: Mais tu vois bien son meffaict inhumain, Et voyant tout prends les causes en main. Voylà pourquoy s'appuye le debile Sur toy, qui es le support du pupille.
Brise la force, et le bras plein d'exces Du malfaicteur inique, et reprouvé: Fais de ses maulx l'enqueste, et le proces, Plus n'en sera par toy ung seul trouvé. Lors à jamais, Roy de touts approuvé, Regnera Dieu: et de sa terre saincte Sera la race aux iniques estaincte.
O Seigneur doncq, s'il te plaist tu oyrras Ton paovre peuple, en ceste aspre saison: Et bon courage, et espoir luy donras, Prestant l'oreille à son humble oraison: Qui est de faire aux plus petits raison, Droict aux foullés: si que l'homme de terre Ne vienne plus leur faire peur ne guerre.
XI Pseaulme Unziesme, à deux coupletz, différents de chant, chascun couplet d'ung verset In Domino confido.
Argument: Il se complainct de ceulx qui le chassoyent de toute la terre d'Israel. Puis chante sa confiance en Dieu, et le jugement d'icelluy sur les bons, et sur les mauvais. Pseaulme consolatif pour ceulx qui sont en tribulation, et mis hors de grâce de leurs seigneurs.
Veu que du tout en Dieu mon cueur s'appuye, Je m'esbahy, comment de vostre mont, Plustost qu'oyseau dictes que je m'enfuye.
Vray est que l'arc les malings tendu m'ont, Et sur la corde ont assis leurs sagettes, Pour contre ceulx, qui de cueur justes sont, Les descocher, jusques en leurs cachettes.
Mais on verra bien tost à neant mise L'intention de telz malicieux, Quel' faulte aussi a le juste commise?
Sachez que Dieu a son Palays aux cieulx: Dessus son Throsne est l'Eternel Monarque: Là hault assis, il voyt tout de ses yeulx, Et son regard les humains note, et marque.
Tout il espreuve, et le juste il approuve: Mais son cueur hayt, qui ayme extorsion, Et l'homme en qui violence se trouve.
Pleuvoir fera feu de punition Sur les malings, soulphre chaud, flamme ardente, Vent fouldroyant: voylà la portion De leur brevage, et leur paye evidente.
Car il est juste, et pource ayme justice: Tournant tousjours par doulce affection Vers l'homme droict son oeil doulx, et propice.
XII Pseaulme Douziesme à ung verset pour couplet à chanter Salvum me fac Domine.
Argument: il parle contre les flatteurs de la cour de Saül, qui par flatteries, dissimulations et arrogance, estoient molestes à chascun, et prie Dieu y donner ordre. Pseaulme pour tout peuple vexé de gouverneurs de princes.
Donne secours, Seigneur, il en est heure, Car d'hommes droictz sommes touts desnués: Entre les filz des hommes, ne demeure Ung qui ayt foy, tant sont diminués.
Certes chascun, vanité, menteries, A son prochain dit ordinairement: Aux levres n'a l'homme, que flatteries, Et disant l'ung, son cueur parle aultrement.
Dieu vueille doncq ces levres blandissantes Tout à travers, pour jamais, inciser: Pareillement ces langues arrogantes, Qui bravement ne font que deviser.
Qui mesmement entre eulx ce propos tiennent: Nous serons grands par noz langues su touts, A nous, de droict, noz levres appartiennent, Flattons, mentons: qui est maistre sur nous?
Pour l'affligé, pour les petits, qui crient, Dit le Seigneur, ores me leveray: Loing les mectray des langues, qui varient, Et de leurs laqs chascun d'eulx saulveray.
Certes de Dieu la parolle se treuve Parolle nette, et trespure est sa voix: Ce n'est qu'argent affiné à l'espreuve, Argent au feu espuré par sept foys.
Toy doncq, Seigneur, ta promesse, et tes hommes, Garde, et maintiens par ta gratuité: Et de ces gens dont tant molestés sommes, Delivre nous à perpetuité.
Car les malings à grands trouppes cheminent Deçà, delà, tout est plein d'inhumains, Lors que d'iceulx les plus meschants dominent, Et qu'eslevés sont entre les humains.
XIII Pseaulme Treiziesme à ung verset pour couplet à chanter Usquequo Domine oblivisceris.
Argument: Après plusieurs batailles perdues, il se plainct, de ce que Dieu tarde tant à le secourir: puis le prie luy donner la joye de victoire obtenue. Pseaulme pour chefz de guerre infortunez.
Jusques à quand as estably, Seigneur, de me mectre en oubly? Est ce à jamais? pour combien d'eage Destourneras tu ton visage De moy, las, d'angoisse remply?
Jusques à quand sera mon cueur Veillant, conseillant, praticqueur, Et plein de soucy ordinaire? Jusques à quand mon adversaire Sera il dessus moy vainqueur?
Regarde moy, mon Dieu puissant, Responds à mon cueur gemissant, Et mes yeulx troublés illumine: Que mortel dormir ne domine Dessus moy quasi perissant.
Que celluy, qui guerre me faict Ne dye point, je l'ay deffaict: Et que touts ceulx, qui tant me troublent, Le plaisir qu'ilz ont ne redoublent, Par me veoir tresbucher de faict.
En toy gist tout l'espoir de moy. Par ton secours fais que l'esmoy De mon cueur en plaisir se change. Lors à Dieu chanteray louange: Car de chanter j'auray de quoy.
XIV Pseaulme quatorziesme à ung verset pour couplet à chanter Dixit insipiens in corde suo.
Argument: Il dit que tout est plain d'infideles et ethniques, descript leur entendement corrompu: souhaicte et predict leur ruine et la delivrance du peuple de Dieu, par eulx devoré. Pseaulme contre les ennemis de Dieu et de ceulx qui l'ayment.
Le fol maling en son cueur dict, et croyt, Que Dieu n'est point: et corrompt, et renverse Ses meurs, sa vie, horribles faicts exerce: Pas ung tout seul ne faict rien bon ne droict, Ny ne vouldroit.
Dieu du hault ciel a regardé icy Sur les humains, avecques diligence, S'il en verroit quelcun d'intelligence, Qui d'invocquer la divine mercy Fust en soucy.
Mais tout bien veu a trouvé que chascun A forvoyé, tenant chemins dammables Ensemble touts sont faicts abominables: Et n'est celluy, qui face bien aulcun, Non jusqu'à ung.
N'ont ilz nul sens, touts ces pernicieux, Qui font tout mal, et jamais ne se changent? Qui comme pain mon paovre peuple mangent, Et d'invocquer ne sont point soucieux Le Dieu des cieulx?
Certainement [tant] esbahys seront, Que sur le champ ilz trembleront de craincte: Car l'Eternel, par sa faveur tressaincte, Tiendra pour ceulx qui droicts se trouveront, Et l'aymeront.
Ha malheureux, vous vous estudiez A vous mocquer de l'intention bonne, Que l'immortel au paovre affligé donne, Pource qu'ilz sont sur luy touts appuyés, Et en riez.
O qui, et quand de Syon sortira Pour Israel secours en sa souffrance? Quand Dieu mectra son peuple à delivrance, De joye adoncq Israel jouyra, Jacob rira.
XV Pseaulme Quinziesme à ung verset pour couplet à chanter Domine, quis habitabit.
Argument: Ce Pseulme chante de quelles meurs doivent estre ornez les vrays citoyens des cieulx. Pseaulme propre pour inciter à bien vivre.
Qui est ce qui conversera, O Seigneur, en ton Tabernacle? Et qui est celluy qui sera Si heureux, que par grâce aura Sur ton sainct Mont seur habitacle?
Ce sera celluy droictement Qui va rondement en besongne: Qui ne faict rien que justement, Et dont la bouche appertement Verité en son cueur tesmoigne:
Qui par sa langue point ne faict Rapport, qui loz d'aultruy efface: Qui à son prochain ne meffaict: Qui aussi ne souffre de faict, Qu'opprobre à son voysin on face:
Ce sera l'homme contemnant Les vicieux: aussi qui prise Ceulx, qui craignent le Dieu regnant: Ce sera l'homme bien tenant (Fust ce à son dam) la foy promise:
Qui à usure n'entendra: Et qui si bien justice exerce, Qui le droict d'aultruy ne vendra: Que le charier ainsi vouldra, Craindre ne fault, que jamais verse.
XVI Pseaulme Dixneufviesme à ung verset pour couplet à chanter Coeli enarrant gloriam Dei.
Argument: Il monstre, par le merveilleux ouvraige des cieulx, combien Dieu est puissant: loue et exalte la loy divine: et en fin prie le seigneur qu'il le preserve de peché, affin de luy estre agreable. Pseaulme pour faire contempler la puissance et bonté de Dieu.
Les cieulx, en chascun lieu; La puissance de Dieu Racomptent aux humains: Ce grand entour espars Nonce de toutes pars L'ouvrage de ses mains.
Jour apres jour coulant Du Seigneur va parlant Par longue experience: La nuict, suyvant la nuict, Nous presche, et nous instruict De sa grand'sapience.
Et n'y a nation, Langue, prolation, Tant soit d'estranges lieux, Qui n'oyt bien le son, La maniere, et façon Du langage des cieulx.
Leur tour par tout s'estend, Et leur propos s'entend Jusques au bout du monde: Dieux en eulx a posé Palays bien composé Au Soleil clair, et munde.
Dont il sort ainsi beau Comme ung espoux nouveau De son paré pourpris: Semble ung grand prince à veoir, S'esgayant pout avoir D'une course le pris.
D'ung bout des cieulx il part, Et attaint l'aultre part En ung jour, tant est viste: Oultre plus, n'y a rien En ce val terrien Qui sa chaleur evite.
La tresentiere Loy De Dieu souverain Roy, Vient l'âme restaurant: Son tesmoignage seur, Sapience en doulceur Monstre à l'humble ignorant.
D'icelluy Roy des Roys Les mandements sont droicts, Et joye au cueur assignent: Les Commandements sainctz De Dieu sont purs, et sains, Et les yeulx illuminent.
L'obeissance à luy Est ung tressainct appuy A perpetuité: Dieu ne faict jugement, Qui veritablement Ne soit plein d'equité.
Ces choses sont encor Plus desirables qu'or, Fust ce fin or de touche: Et en ung cueur sans fiel, Sont plus doulces que miel, Ne pain de miel en bouche.
Qui servir te vouldra, Par ces poinctz apprendra A ne se forvoyer: Et en les observant, En aura le servant Grand, et riche loyer.
Mais où se trouvera Qui ses faultes sçaura Nombrer, penser, ne dire? Las de tant de pechés, Qui me sont touts cachés, Purge moy, trescher Sire:
Aussi des grands forfaictz Temerairement faictz, Soit ton serf relasché, Qu'ilz ne regnent en moy: Si seray hors d'esmoy, Et net de grand peché.
Ma bouche prononcer, Ne mon cueur rien penser Ne puisse, qui ne plaise A toy, mon deffendeur, Saulveur, et amendeur De ma vie maulvaise.
XVII Deus meus respice in me, quare dereliq.
Argument: Prophetie de Jesuchrist, en laquelle David chante d'entrée sa basse et honteuse dejection: puis l'exaltation et l'estendue de son royaulme jusques aux fins de la terre, et la perpetuelle durée d'icelluy. Pseaulme propre pour chanter à la passion du redempteur.
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoy m'as tu laissé, Loing de secours, d'ennuy tant oppressé, Et long du cry, que je t'ay addressé En ma complaincte?
De jour, mon Dieu, je t'invocque sans faincte, Et toutesfoys ne respond ta voix saincte: De nuict aussi, et n'ay, de quoy estaincte Soit ma clameur.
Helas, tu es le Sainct, et la tremeur, Et d'Israel le resident bonheur, Là où t'a pleu que ton los, et honneur On chante, et prise.
Noz Peres ont leur fiance en toy mise, Leur confiance ilz ont sur toy assise: Et tu les as de captifz, en franchise Tousjours boutés.
A toy criants, d'ennuy furent ostés, Esperé ont en tes sainctes bontés, Et ont receu, sans estre reboutés, Ta grâce prompte.
Mais moy, je suis ung verm, qui rien ne monte, Et non plus homme, ains des hommes la honte: Et plus ne sers que de fable, et de compte Au peuple bas.
Chascun qui voit comme ainsi tu m'abas, De moy se mocque, et y prend ses esbas: Me font la mouë: et puis hault, et puis bas, Hochent la teste.
Puis vont disant: Il s'appuye, et s'arreste Du tout sur Dieu, et luy faict sa requeste: Donc qu'il le saulve, et que secours luy preste, S'il l'ayme tant.
Si m'as tu mys hors du ventre pourtant: Causes d'espoir tu me fus apportant: Des que j'estoys les mammelles tetant De ma nourrice.
Et qui plus est, sortant de la matrice, Me recueillit ta saincte Main tutrice, Et te monstras estre mon Dieu propice Des que fus né.
Ne te tien donc de moy si destourné: Car le peril m'a de pres adjourné: Et n'est aulcun par qui me soit donné Secours ne grâce.
Maint gros Taureau m'environne, et menace: Les gros Taureaux de Basan terre grasse, Pour m'assieger m'ont suivy à la trace En me pressant:
Et tout ainsi qu'ung Lyon ravissant, Apres la proye en fureur rugissant, Ilz ont ouvert dessus moy languissant Leur gueule gloute.
Las, ma vertu comme eau' s'escoule toute, N'ay os qui n'ayt la joincture dissoulte: Et comme cire en moy fond goutte à goutte Mon cueur fasché.
D'humeur je suis comme tuylle asseiché: Mon palais est à ma langue attaché: Tu m'as faict prest d'estre au tumbeau couché, Reduict en cendre.
Car circuy m'ont les chiens pour me prendre: La faulse trouppe est venue m'offendre, Venue elle est me transpercer, et fendre Mes piedz, et mains.
Compter je puis mes os du plus au moins: Ce que voyants les cruelz inhumains, Touts resjouys me jectent regards maints, Avec risée.
Jà ma despouille entre eulx ont divisée: Entre eulx desjà ma robbe deposée Ilz ont au sort hazardeux exposée, A qui l'aura.
Seigneur, ta main donc ne s'eslongnera: Ains par pitié secours me donnera: Et s'il te plaist, elle se hastera, Mon Dieu, ma force:
Saulve de glaive, et de mortelle estorce, Mon âme, helas, que de perdre on s'efforce: Delivre la, que du Chien ne soit morse, Chien enragé.
Du Leonin gosier encouragé Delivre moy: responds à l'affligé, Qui est par grands Licornes assiegé Des cornes d'elles.
Si compteray à mes freres fideles Ton Nom treshault: tes vertus immortelles Diray parmy les assemblées belles, Parlant ainsi:
Vous craignants Dieu, confessez le sans si: Filz de Jacob, exaltez sa Mercy: Crains le tousjours toy d'Israel aussi, La race entiere:
Car rebouté n'a l'humble en sa priere, Ne destourné de luy sa Face arriere: S'il a crié, sa bonté singuliere L'axaulcé.
Ainsi ton los par moy sera haulsé En grande trouppe: et mon voeu jà dressé Rendray, devant le bon peuple amassé, Qui te craint, Sire.
Là mangeront les paovres à suffire, Beneira Dieu, qui Dieu craint, et desire, O vous ceulx là, sans fin (je le puis dire) Voz cueurs vivront.
Cela pensant, touts se convertiront Les boutz du monde, et à Dieu serviront: Brief, toutes gens leurs genoulx fleschiront En ta presence.
Car ilz sçauront qu'à la divine essence Seulle appartient Regne, et magnificence: Dont sur les gens seras par excellence Roy conquerant.
Gras, et repeuz te viendront adorant: Voire le maigre à la fossé courant, Et dont la vie est hors de restaurant, Te donna gloire.
Puis leurs enfants à te servir, et croire S'enclineront: et en tout territoyre De filz en filz il sera faict memoyre Du Toutpuissant.
Tousjours viendra quelcun d'entre eulx yssant, Lequel au peuple à l'advenir naissant, Ira par tout ta bonté annonçant Sur moy notoyre.
XVIII Pseaulme Vingtquatriesme à deux versetz pour couplet à chanter Domini est terra, et plenitudo.
Argument: David feit ce Pseaulme pour dire quand on ameneroit l'arche où habitoit la divinité, dedans le temple que Salomon devoit faire. Et est ledict Pseaulme propre pour chanter à la consecration d'ung nouveau temple.
La terre au Seigneur appartient, Tout ce qu'en sa rondeur contient, Et ceulx qui habitent en elle. Sur mer fondement luy donna, L'enrichit, et l'environna De maint riviere tresbelle.
Mais sa Montaigne est ung sainct lieu: Qui viendra doncq au Mont de Dieu? Qui est ce, qui là tiendra place? L'homme de mains, et cueur lavé, En vanités non eslevé, Et qui n'a juré en fallace.
L'homme tel, Dieu le beneira: Dieu son saulveur le munira De misericorde, et clemence. Telle est la generation Cherchant, cherchant d'affection Du Dieu de Jacob la presence.
Haulsez voz testes grands portaulx, Huys eternelz, tenez vous haultz, Si entrera le Roy de gloire. Qui est ce Roy tant glorieux? C'est le fort Dieu victorieux, Le plus fort qu'en guerre on peult croire.
Haulsez voz testes grands portaulx, Huys eternelz tenez vous haultz, Si entrera le Roy de gloire. Qui est ce Roy tant glorieux? Le Dieu d'armes victorieux, C'est luy, qui est le Roy de gloire.
XIX Pseaulme Trentedeuxiesme à ung verset pour couplet à chanter Beati quorum remissae sunt iniquit.
Argument: David puny par maladie, pour son peché, chante que heureux sont ceulx qui par leur couple ne tumbent point en l'inconvenient où il est: confesse son peché: Dieu luy pardonne: enhorte les mauvais à bien vivre et lesbons à se resjouyr. Pseaulme pour quiconques pense le mal qu'il ha, venir de son peché.
O bien heureux celluy dont les commises Transgressions, sont par grâce remises: Duquel aussi les iniques pechés Devant son Dieu sont couverts, et cachés.
O combien plein de bonheur je repute L'homme, à qui Dieu son peché point n'impute: Et en l'Esprit duquel n'habite point D'hypocrisie, et de fraude ung seul poinct.
Durant mon mal, soit que vinse à me taire, Las de crier: soit que me prinse à braire, Et à gemir tout le jour sans cesser, Mes os n'ont faict que fondre, et s'abaisser.
Car jour et nuict ta main dure ay sentie, Par mon peché, sur moy appesantie: Si que l'humeur de moy ainsit traicté, Sembloit du tout seicheresse d'esté.
Mais mo peché je t'ay declairé, Sire, Caché ne l'ay: et n'ay sceu si tost dire, Il fault à Dieu confesser mon meffaict, Que ta bonté vray pardon ne m'ait faict.
Pour ceste cause, à heure propre, et bonne, Te requerra toute saincte personne: Et quand de maulx ung deluge courroit, D'icelle adonc approcher ne pourroit.
C'est toy qui es mon Fort, et ma retraicte: C'est toy qui fais qu'ennuy mal ne me traicte: C'est toy pa qui à touts coups m'est livré De quoy chanter, par me veoir delivré.
Vien çà chascun, je te veulx faire entendre, Et te monstrer la voye, où tu doibs tendre, En ayant l'oeil droit dessus toy planté, Pour t'addresser, comme experimenté.
Ne sois semblable au cheval, et la mule, Qui n'ont en eulx intelligence nulle: Pour les garder de mordre, tu refreins Leurs dentz, et gueule, avecques mors, et freins.
L'homme endurcy sera dompté de mesmes, Par maulx sans nombre, et par douleurs extresmes. Mais qui en Dieu mectra tout son appuy, Par grand' doulceur sera traité de luy.
Or ayez donc de plaisir jouyssance: Et touts en Dieu prenez resjouyssance Justes humains: menez joye orendroict Chascun de vous, qui avez le cueur droict.
XX Pseaulme Trenteseptiesme à deux versetz pour couplet à chanter Noli aemulari in malignantibus.
Argument: Affin que les bons se s'esbahissent de veoir prosperer les mauvais, David chante que toutes choses viendront à souhaict à ceulx qui ayment et craignent Dieu. Et que ceulx qui n'en font compte (combien qu'ilz semblent florir pour quelque temps) seront en fin deracinez. Pseaulme pour consoler les pauvres bien vivantz.
Ne sois fasché si durant ceste vie Souvent tu voys prosperer les meschants, Et des malings aux biens ne porte envie: Car en ruine à la fin tresbuschants, Seront fauschés comme foin, en peu d'heure, Et seicheront comme l'herbe des champs.
En Dieu te fie, à bien faire labeure: La terre auras pour habitation, Et jouyras de rente vraye, et seure. En Dieu sera ta delectation: Et des souhaitz, que ton cueur vouldra faire, Te donnera pleine fruition.
Remects en Dieu et toy, et ton affaire, En luy te fie: et il accomplira Ce que tu veulx accomplir, et parfaire. Ta preud'hommie en veue il produira, Comme le jour, si que ta vie bonne, Comme ung midy par tout resplendira.
Laisse Dieu faire, attends le, et ne te donne Soucy aulcun, regret, ne desplaisir Du prosperant, qui à fraude s'addonne. Si dueil en as, vueilles t'en dessaisir: Et de te joindre à eulx n'aye courage, Pour faire mal, et suyvre leur desir:
Car il cherra sur les malins orage. Mais ceulx qui Dieu attendront constamment, Possederont la terre en heritage. Le faulx fauldra si tost, et tellement, Que quand sa place yras chercher, et querre, N'y trouveras la trace seullement.
Mais les benings heriteront la terre, Et y auront, sans moleste d'aultruy, Tout le plaisir que l'homme sçauroit querre. Il est certain que tout mal, et ennuy, L'homme pervers au bien vivant machine, Et par fureur grince les dents sur luy:
Mais ce pendant la majesté divine Ryt du meschant: car de ses yeulx ouverts Voyt bien venir le jour de sa ruine. Tirer leur glaive on verra les pervers, Et bander l'arc, pour l'humble, et paovre battre, Et [touts] les bons ruer morts à l'envers:
Mais leur cousteau sera pour les combattre, Et percera leur cueur, tant soit il cault, Verront leur arc aussi rompre, et abbattre. Certes le peu de l'homme juste, vault Mille foys mieulx, que la riche abondance D'ung mal vivant, tant soit eslevé hault.
Car du meschant le bras, et la puissance Seront rompuz: mais le Dieu supernel Sera des bons tousjours la soustenance. Il voyt, et sçait par ung soing paternel, Les jours de ceulx qui ont vie innocente: Et d'iceulx est l'heritage eternel.
Point ne seront frustrés de leur attente Au maulvais temps: et si seront saoulés Aux plus longs jours de famine dolente. Mais les malings periront desolés: Et n'aymants Dieu, s'en yront en fumée, Ou deviendront comme gresse escoulés.
Leur main sera d'emprunter affamée, Sans pouvroi rendre: et les justes auront Dequoy monstrer charité enflammée: Car les beneits de Dieu possederont Finablement terre pleine de gresse: Et les mauldicts en paovreté cherront.
Dieu touts les pas du vertueux addresse, Et au chemin qu'il veult suyvre, et tenir, Donne faveur, et l'unist, et le dresse. Si de tomber ne se peult contenir, D'estre froissé ne luy fault avoir craincte: Car Dieu viendra la main luy soustenir.
J'ay esté jeune, et vieillesse ay attaincte, Et n'ay point veu le juste abandonner, Ne ses enfants mendier par contraincte: Ains chascun jour ne faire que donner, Prester, nourrir: et si voyt on sa race Accroistre en heur, et en biens foisonner.
Fuy doncq le mal, suy le bien à la trace: Et de durer à perpetuité Le Seigneur Dieu te donnera la grâce. Car il ne perd (tant il ayme equité) Nul de ses bons, ilz ont garde eternelle: Mais il destruict les filz d'iniquité.
Les biens vivants en joye solennelle Possederont la terre, qui produyt, Et à jamais habiteront en elle. Du bien vivant la bouche rien n'istruict Que sapience: et sa langue n'expose Rien, qui ne soit tres juste, et plein de fruict:
Car en son cueur la Loy de Dieu repose. Parquoy son pied ne sera point glissant, Quelcque chemin que tirer il propose. Il est bien vray, que l'inique puissant Le juste espie: et pour à mort le mectre Par tout le quiert comme ung loup ravissant.
Mais en sa main Dieu ne vouldra permectre Qu'il soit submys, ne le veoir condamner, Quand à justice il se viendra submectre. Dieu doncq attends, vueille en luy cheminer: Hault te mectra sur la terre seconde, Et les malings verras exterminer.
J'ay veu l'inique enflé, et craint au monde, Qui s'estendant grand, et hault verdissoit, Comme ung laurier, qui en rameaulx abonde Puis repassant par où il fleurissoit, N'y estoit plus, et le cherchay à force: Mais ne le sceu trouver en lieu qui soit.
Garde de nuyre, à veoir le droict t'efforce: Car l'homme tel en fin, pour son loyer Aura repos, loing d'ennuy, et divorce. Mais touts fauldront les prompts à forvoyer: Et des nuysants tout le dernier salaire, Sera que Dieu les viendra fouldroyer.
Que diray plus? Dieu est le salutaire Des bien vivants: c'est celluy qui sera Tousjours leur force au temps dur, et contraire. Les secourant, il les delivrera: Les delivrant, garde il en vouldra faire, Pource qu'en luy chascun d'eulx espoir a.
XXI Pseaulme Trentehuictiesme à ung verset pour couplet à chanter Domine, ne in furore tuo arguas me.
Argument: David ayant la peste, ou quelque aultre hulcere en la cuisse, se plainct fort à Dieu de la vehemence de son mal, du deffault de ses amys, de la cruaulté de ses ennemys, et implore l'ayde de Dieu. Pseaulme propre pour tous pauvres hulcerez.
Las, en ta fureur aigue Ne m'argue De mon faict, Dieu tout puissant: Ton ardeur ung peu retire, N'en ton ire Ne me punys languissant.
Car tes flesches descochées Sont fischées Bien fort en moy sans mentir: Et as voulu (dont j'endure) Ta main dure Dessus moy appesantir.
Je n'ay sur moy chair ne veine Qui soit saine, Par l'ire en quoy je t'ay mys: Mes os n'ont de repos ferme Jour ne terme, Par les maulx que j'ay commys.
Car les peines de mes faultes Sont si haultes Qu'elles surmontent mon chef: Ce m'est ung faix importable Qui m'accable, Tant croist sur moy ce meschef.
Mes cicatrices puantes Sont fluantes De sang de corruption: Las, par ma folle sottie M'est sortie Toute ceste infection.
Tant me faict mon mal la guerre, Que vers terre Suis courbé totallement: Avec triste, et noyre mine Je chemine Tout en pleurs journellement.
Car mes cuisses, et mes aines Sont jà pleines Du mal dont suis tourmenté: Tellement qu'en ma chair toute N'y a goutte D'apparence de santé.
Je, qui souloys estre habile, Suis debile, Cassé de corps, pieds, et mains: Si que de la douleur forte Qu'au cueur porte, Je jecte cris inhumains.
Or tout ce que je desire, Trescher Sire, Tu le voys clair, et ouvert: Le souspir de ma pensée Transpercée Ne t'est caché ne couvert.
Le cueur me bat à oultrance: Ma puissance M'a delaissé tout perclus: Et de mes yeulx la lumiere Coustumiere, Voyre mes yeulx, je n'ay plus.
Les plus grands amys que j'aye, De ma playe Sont vis à vis, sans grand soing: Et (hors mys toutes reproches) Mes plus proches La regardent de bien loing.
Ceulx, qui à ma mort s'attendent, Leurs laqs tendent: D'aultres voulants me grever, Mille maulx de moy recensent, Et ne pensent Que fraudes pour m'achever.
Et je, comme n'oyant goutte, Les escoute. Leur cueur ont beau descouvrir: Je suis là, comme une souche, Sans ma bouche Non plus qu'ung muet ouvrir.
Je suis devenu, en somme, Comme ung homme Du tout sourd, et qui n'oyt point, Et qui n'a, quand on le picque De replicque Dedans sa bouche ung seul poinct.
Mais avecques esperance, L'asseurance De ton bon secours j'attends, Et ainsi mon Dieu, mon pere, Que j'espere, Tu me repondras à temps.
Je le dy, et si t'en prie Qu'on ne rie De mon malheureux esmoy: Car des qu'ung peu mon pied glisse, Leur malice S'esjouyt du mal de moy.
Vien doncq, car je suis en voye Qu'on me voye Clocher trop honteusement: Pource que la grand' destresse Qui m'oppresse Me poursuyt incessamment.
Las apart moy, avec honte, Je racompte Mon trop inique forfaict, Je resve, je me tourmente, Je lamente Pour le peché que j'ay faict.
Et tandis mes adversaires, Et contraires, Sont vifs, et fortifiés: Ceulx, qui m'ont sans cause aulcune En rancune, Sont creuz, et multipliés.
Touts encontre moy se bandent, Et me rendent Pour le bien, l'iniquité: Et de leur hayne la source, Ce fut pource Que je suivoye equié.
Seigneur Dieu ne m'abandonne, Moy personne Deschassé d'ung chascun. Loing de moy la grâce tienne Ne se tienne, D'ailleurs n'ay espoir aulcun.
Vien, et approche toy doncques, Vien, si oncques De tes enfants te chalut: De me secourir te haste: Je me gaste, Seigneur Dieu de mon salut.
XXII Miserere mei Deus, secundum magnam misericordiam tuam.
Argument: Apres la mort de Urie, David congnoissant son peché, demande pardon à Dieu, et qu'il luy envoie son esperit, pour le garder de plus pescher: s'offre à instruire les autres, et prie pour Hierusalem, qui est la vraye eglise. Pseaulme propre pour quiconques se sent griefvement avoir offensé Dieu.
Misericorde au paovre vicieux, Dieu tout puissant, selon ta grand' clemence. Use à ce coup de ta bonté immense, Pour effacer mon faict pernicieux.
Lave moy, Sire, et relave bien fort, De ma commise iniquité maulvaise: Et du peché, qui m'a rendu si ord, Me nettoyer d'eaue de grâce te plaise.
Car de regret mon cueur vyt en esmoy, Congnoissant, las, ma grand' faulte presente: Et qui pis est, mon peché se presente Incessamment noyr, et laid devant moy.
En ta presence à toy seul j'ay forfaict: Si qu'en donnant arrest pour me deffaire, Jugé seras avoir justement faict, Et vaincras ceulx qui diront du contraire.
Helas je sçay, et si l'ay tousjours sceu, Qu'iniquité print avec moy naissance: J'ay d'aultre part certaine congnoissance Qu'avec peché ma mere m'a conceu.
Je sçay aussi que tu aymes de faict Vraye equité dedans la conscience: Ce que n'ay heu, moy à qui tu a faict Veoir les secretz de ta grand' Sapience.
D'ysoppe doncq par toy purgé seray: Lors me verray plus net que chose nulle. Tu laveras ma trop noyre macule: Lors en blancheur la neige passeray.
Tu me feras joye, et liesse ouyr, Me revelant ma grâce enterinée: Lors sentiray croistre, et se resjouyr Mes os, ma force, et vertu declinée.
Tu as heu l'oeil assez sur mes forfaictz: Destourne d'eulx ta courroucée Face: Et te supply non seullement efface Ce mien peché, mais touts ceulx que j'ay faictz.
O Createur, te plaise en moy créer Ung cueur tout pur, une vie nouvelle Et pour encor te pouvoir aggréer, Le vray Esprit dedans moy renouvelle.
De ton regard je ne soys reculé: Et te supply, pour finir mon martyre, Ton sainct Esprit de mon cueur ne retire, Quand tu l'auras en moy renouvellé.
Redonne moy la liesse, que prit En ton salut mon cueur jadis infirme: Et ne m'ostant ce libre, et franc Esprit, En icelluy pour jamais me confirme.
Lors seullement ne suivray tes sentiers, Mais les feray aux iniques apprendre: Si que pecheurs à toy se viendront rendre, Et se vouldront convertir vouluntiers.
O Dieu, ô Dieu de ma salvation, Delivre moy de ce mien sanglant vice: Et lors ma bouche en exultation Chantera hault ta bonté, et justice.
Ha Seigneur Dieu, ouvre mes levres doncq, Rien bon n'en sort, quand moymesme les ouvre: Mais si ta main pour les ouvrir y ouvre, J'annonceray tes louanges adoncq.
Si tu vouloys sacrifice mortel, De Boucz, et Boeufz, et compte tu en feisses, Je l'eusse offert: mais en Temple n'Autel, Ne te sont point plaisants telz sacrifices.
Le sacrifice aggreable, et bien pris De l'Eternel, c'est une âme dolente, Ung cueur submys, une âme penitente, Ceulx là, Seigneur, ne te sont à mespris.
Traicte Sion en ta benignité, O Seigneur Dieu: et par tout fortifie Jerusalem ta treshumble cité, Ses murs aussi en brief temps edifie.
Adoncq auras de cueurs bien disposés Oblations telles que tu demandes: Adoncq les Boeufz, ainsi que tu commandes, Sur ton Autel seront mys, et posés.
XXIII Benedic anima mea Domino, et omnia.
Argument: Il chante les grandes et diverses bontez de Dieu envers les hommes, puis invite, et eulx, et toutes choses créées à luy donner louenges, et gloire. Pseaulme qui enseigne à congnoistre Dieu et soy mesmes.
Sus louez Dieu mon âme en toute chose, Et tout cela, qui dedans moy repose, Louez son Nom tressainct, et accomply: Presente à Dieu louanges, et services, O toy mon âme: et tant de benefices Qu'en as receu ne les metz en oubly:
Ains le beneis, luy qui de pleine grâce Toutes tes grands iniquités efface, Et te guerit de toute infirmité. Luy, qui rachepte, et retire ta vie D'entre les dentz de mort pleine d'envie, T'environnant de sa benignité:
Luy, qui de biens, à souhait, et largesse, Emplit ta bouche en faisant ta jeunesse Renouveller, comme à l'Aigle royal. C'est le Seigneur, qui tousjours se recorde Rendre le droict, par sa misericorde, Aux oppressés, tant est Juge loyal.
A Moyses, de peur qu'on ne forvoye, Manifester voulut sa droicte voye, Et aux Enfantz d'Israel ses haultz faictz. C'est le Seigneur enclin à pitié doulce, Prompt à mercy, et qui tard se courrouce: C'est en bonté le parfaict des parfaictz.
Il est bien vray, quand par nostre inconstance Nous l'offensons, qu'il nous menace, et tance: Mais point ne tient son cueur incessamment, Selon noz maulx point ne nous faict: mais certes Il est si doulx, que selon noz dessertes Ne nous veult pas rendre le chastiment.
Car à chacun, qui craint luy faire faulte, La bonté sienne il demonstre aussi haulte Comme sont haultz sur la terre les cieulx: Aussi loing qu'est la part Orientalle De l'Occident, à la distance esgalle Loing de nous met touts nos faictz vicieux.
Comme aux Enfants est piteux ung bon pere, Ainsi (pour vray)à qui luy obtempere, Le Seigneur est de doulce affection: Car il congnoist dequoy sont faictz les hommes, Il sçayt tresbien, helas, que nous ne sommes Rien, sinon pouldre, et putrefaction.
A herbe, et foin semblent les jours de l'homme: Par quelcque temps il fleurit, ainsi comme La fleur des champs, qui nutriment reçoit. Puis en sentant d'ung froid vent la venue, Tourne à neant, tant que plus n'est congneue Du lieu auquel n'agueres fleurissoit.
Mais la mercy de Dieu est eternelle A qui le craint: et trouveront en elle Les filz des filz justice, et grand' bonté: J'entends ceulx là qui son contract observent, Et qui sa Loy en memoyre reservent, Pour accomplir sa saincte voulunté.
Dieu a basty (sans qui bransle, n'empire) Son Throsne aux cieulx: et dessoubs son Empire Touts aultres sont et submys, et ployés. Or louez Dieu Anges de vertu grande, Anges de luy, qui tout ce qu'il commande Faictes si tost que parler vous l'oyez.
Beneissez Dieu tout son bel exercite, Ministres siens, qui de son vueil licite Executer ne fustes oncq oyseux. Touts ses haultz faictz en chascun sien Royaulme Beneissez Dieu: et pour clorre mon Pseaulme, Louez le aussi mon âme avecques eulx.
XXIV Benedic anima mea Domino, Domine Deus.
Argument: C'est ung cantique beau par excellence, auquel David celebre et glorifie Dieu de la creation, et gratieux gouvernement de toutes choses. Pseaulme pour congnoistre amplement la puissance de Dieu.
Sus, sus, mon âme, il te fault dire bien De l'Eternel. O mon vray Dieu, combien Ta grandeur est excellente, et notoyre! Tu es vestu de splendeur, et de gloire:
Tu es vestu de splendeur proprement, Ne plus ne moins que d'ung accoustrement: Pour pavillon, qui d'ung tel Roy soit digne, Tu tendz le ciel, ainsi qu'une courtine.
Lambrissé d'eaux est ton palais vousté, En lieu de char sur la nue es porté: Et les fortz ventz, qui parmy l'air souspirent, Ton chariot, avec leurs aesles, tirent.
Des ventz aussi diligents, et legers Fays tes heraults, postes, et messagers: Et fouldre, et feu, fort promptz à ton service, Sont les sergents de ta haulte justice.
Tu a assis la terre rondement Par contrepoys, sur son vray fondement: Si qu'à jamais sera ferme en son estre, Sans se mouvoir n'a dextre n'a senestre.
Au paravant, de profonde, et grand'eau Couverte estoit, ainsi que d'ung manteau: Et les grands eaux faisoyent toutes à l'heure Dessus les montz leur arrest, et demeure:
Mais aussi tost que les vouluz tencer, Bien tost les feis de partir s'advancer: Et à ta voix, qu'on oyt tonner en terre, Toutes de peur s'enfuyrent grand' erre.
Montaignes lors vindrent à se dresser: Pareillement les vaulx à s'abaisser, En se rendant droict à la propre place Que tu leur as estably de ta grâce.
Ainsi la mer bornas, par tel compas Que son limite elle ne pourra pas Oultrepasser: et feis ce beau chef d'oeuvre, Affin que plus la terre elle ne coeuvre.
Tu feis descendre aux vallées les eaux: Sortir y feis fontaines, et ruysseaux; Qui vont coulant, et passent, et murmurent Entre les montz, qui les plaines emmurent.
Et c'est affin que les bestes des champs Puissent leur soif estre là estanchants, Beuvants à gré toutes de ces breuvaiges, Toutes, je dy, jusqu'aux Asnes saulvaiges.
Dessus, et pres de ces ruysseaux courants, Les oyselletz du ciel sont demourants, Qui du milieu des fueilles, et des branches, Font resonner leurs voix nettes, et franches.
De tes haultz lieux, par art aultre qu'humain, Les montz pierreux arrouses de ta main: Si que la terre est toute saoule, et pleine Du fruict venant de ton labeur sans peine.
Car ce faisant, tu fays par montz, et vaulx Germer le foin, pour Jumentz, et Chevaulx. L'herbe, à servir l'humaine creature, Luy produisant de la terre pasture:
Le vin, pour estre au cueur joye, et confort, Le pain aussi, pour l'homme rendre fort: Semblablement l'huile, affin qu'il en face Plus reluysante, et joyeuse sa face.
Tes arbres vertz prennent accroissement, O Seigneur Dieu, les Cedres mesmement Du mont Liban, que ta bonté supresme, Sans artifice, a plantés elle mesme.
Là font leurs nidz (car il te plaist ainsi) Les passereaux, et les passes aussi: De l'aultre part, sur haultz sapins besongne, Et y bastit sa maison la Cygoigne.
Par ta bonté les montz droictz, et haultains, Sont le refuge aux Chevres, et aux Dains: Et aux Connilz, et Lievres, qui vont viste, Les rochers creux sont ordonnés pour giste.
Que diray plus? la claire Lune feis, Pour nous marquer les moys, et jours prefix: Et le Soleil, des qu'il leve, et esclaire, De son coucher a congnoissance claire.
Apres en l'air les tenebres espars: Et lors se faict la nuict de toutes pars, Durant laquelle, aux champs sort toute beste Hors des forestz, pour se jecter en queste.
Les Lyonceaulx mesmes lors sont yssants Hors de leurs creux, bruyants, et rugissants Apres la proye, affin d'avoir pasture De toy, Seigneur, qui sçays leur nourriture:
Puis aussi tost que le Soleil faict jour, A grands trouppeaulx revont en leur sejour: Là où touts coys se veaultrent, et reposent, Et en partir tout le long du jour n'osent.
Adoncques sort l'homme sans nul danger, S'en va tout droict à son oeuvre renger, Et au labeur, soit de champ, soit de prée, Soit de jardin, jusques à la vesprée.
O Seigneur Dieu, que tes oeuvres divers Sont merveilleux, par le monde univers! O que tu as tout faict par grand' sagesse! Brief, la terre est plein de ta largesse.
Quant à la grande, et spacieuse mer, On ne sçauroit ne nombrer, ne nommer Les animaulx, qui vont nageant illecques, Moyens, petits, et de bien grands avecques.
En ceste mer, navires vont errant: Puis la Balaine, horrible monstre, et grand, Y as formé, qui bien à l'aise y noue, Et à son gré par les undes se joue.
Touts animaulx à toy vont à recours, Les yeulx au ciel: affin que le secours De ta bonté à repaistre leur donne, Quand le besoing, et le temps s'y addonne.
Incontinent que tu leur fays ce bien De le donner, ilz le prennent tresbien: Ta large main n'est pas plustost ouverte Que de touts biens planté leur est offerte.
Des que ta Face, et tes yeulx sont tournés Arriere d'eulx, ilz sont touts estonnés. Si leur Esprit tu retires, ilz meurent, Et en leur pouldre ilz revont, et demeurent.
Si ton esprit derechef tu transmetz, En telle vie adoncques les remetz, Que paravant: et de bestes nouvelles, En ung moment, la terre renouvelles.
Or soit tousjours regnant, et fleurissant La Majesté du Seigneur toutpuissant: Plaise au Seigneur prendre resjouyssance Aux oeuvres faictz par sa haulte puissance.
Le Seigneur dy, qui faict horriblement Terre trembler, d'ung regard seullement: Voire qui faict (tant peu les sache attaindre) Les plus haultz montz d'ahan suer, et craindre.
Quant est à moy, tant que vivant seray, Au Seigneur Dieu chanter ne cesseray: A mon vray Dieu plein de magnificence Psalmes feray, tant que j'auray essence.
Si le supply; qu'en propos, et en son, Luy soit plaisante, et doulce ma chanson: S'ainsi advient, retirez vous tristesse, Car en Dieu seul m'esjouiray sans cesse.
De terre soyent infideles exclus, Et les pervers, si bien qu'il n'en soit plus. Sus, sus, mon cueur, Dieu où tout bien abonde Te fault louer, louez le tout monde.
XXV Laudate pueri, Dominum.
Argument: Il invite à louer Dieu, de ce qu'il regarde, gouverne et mue toutes choses selon sa prudence, tousjours eslevant les humbles, et restablissant les miserables. Pseaulme pour consoler les povres et les femmes steriles.
Enfants, qui le Seigneur servez, Louez le, et son Nom eslevez, Louez son Nom, et sa haultesse: Soit presché, soit faict solennel Le Nom du Seigneur eternel, Par tout, en ce temps, et sans cesse.
D'Orient jusqu'en Occident Doibt estre le loz evident Du Seigneur, et sa renommée: Sur toutes gens le Dieu des Dieux Est exalté, et sur les cieulx S'esleve sa gloyre estimée.
Qui est pareil à nostre Dieu, Lequel faict sa demeure au lieu Le plus hault, que l'on sçauroit querre? Et puis en bas veult devaller, Pour toutes choses speculer, Qui se font au ciel, et en terre?
Le paovre sur terre gisant Il esleve en l'authorisant, Et le tire hors de la boue, Pour le colloquer aux honneurs Des seigneurs, j'entends des seigneurs Du peuple, que sien il advoue.
C'est luy qui remplit à foison De tres beaulx enfants la maison De la femme, qui est sterile: Et luy faict joye recevoir, Quand d'impuissante à concepvoir, Se voyt d'enfants mere fertile.
XXVI In exitu Israel de Aegypto.
Argument: De la delivrance d'Israel hors d'Egypte, et succinctement, des principaulx miracles, que Dieu feit pour cela.
Quand Israel hors d'Egypte sortit, Et la maison de Jacob se partit D'entre le peuple estrange: Juda fut faict la grand' gloyre de Dieu, Et Dieu se feit Prince du peuple Hebrieu, Prince de grand' louange.
La mer le veit, qui s'enfuyt soubdain, Et contremont l'eaue du fleuve Jourdain Retourner fut contrainte. Comme moutons montaignes ont sailly, Et si en ont les coustaux tressailly, Comme aigneletz en crainte.
Qu'avoys tu mer, à t'enfuyr soubdain? Pourquoy amont l'eaue du fleuve Jourdain Retourner fus contrainte? Pourquoy avez monts en moutons sailly? Pourquoy coustaux en avez tressailly, Comme aigneletz en crainte?
Devant la face au Seigneur, qui tout peult, Devant le Dieu de Jacob, quand il veult, Terre trembla craintifve. Je dy le Dieu, le Dieu convertissant La pierre en lac, et le rocher puissant En fontaine d'eaue vifve.
XXVII Non nobis, Domine, non nobis, sed.
Argument: Il prie Dieu, vouloir (pour sa gloire) si bien traicter son peuple, qu'il congnoisse qu'il est le seul Dieu. Et que les Idoles des Gentilz ne sont rien qu'ouvrages d'hommes. Pseaulme contre les Idolâtres.
Non point à nous, non point à nous, Seigneur, Mais à ton Nom donne gloyre, et honneur, Pour ta grand' bonté seure. Pourquoy diroyent les gens, en se mocquant, Où est ce Dieu, qu'ilz vont tant invocquant, Où est il à ceste heure?
Certainement nostre Dieu tout parfaict Reside aux cieulx: et de là hault il faict Tout ce qu'il veult en somme. Mais ce qu'adore une si mal gent, Idoles sont, faictes d'or, et d'argent, Ouvrage de main d'homme.
Bouche elles ont, sans parler ne mouvoir: Elles ont yeulx, et ne sçauroyent rien veoir, C'est une chose morte: Oreilles ont, et ne sçauroyent ouyr: Elles ont nez, et ne sçauroyent jouyr D'odeur doulce, ne forte:
Elles ont mains, ne pouvants rien toucher: Elles ont pieds, et ne sçavent marcher: Gosier, et point ne crient. Telz, et pareilz sont touts ceulx, qui les font, Et ceulx lesquelz à leurs recours s'en vont, Et touts ceulx qui s'y fient.
Toy Israel, arreste ton espoir Sur le Seigneur, c'est ta force, et pouvoir, Bouclier, et saulvegarde. Maison d'Aaron, arreste ton espoir Sur le Seigneur, c'est ta force, et pouvoir, Lequel te saulve, et garde.
Qui craignez Dieu, arrestez vostre espoir Sur tel Seigneur, car c'est vostre pouvoir, Soubs qui l'ennemy tremble. Le Seigneur Dieu de nous souvenir a: Plus que jamais Israel beneira, Les filz d'Aaron ensemble.
A touts, qui sont de l'offenser craintifs, Grands biens a faicts, depuis les plus petits. Jusqu'à ceulx de grand' eage. Les biens, et dons, que pour vous faicts il a, Il fera croistre à vous, et à ceulx là De vostre parentage.
Car favoris estes, et bien aymés Du grand Seigneur, qui les cieulx a formés, Et terre confinée. Le Seigneur s'est reservé seullement Les cieulx pour soy: la terre entierement Aux hommes a donnée.
O Seigneur Dieu, l'homme par mort transi Ne dit ton loz, ne quiconques aussi En la fosse devalle: Mais nous vivants, par tout, où nous irons, De bouche, et cueur le Seigneur beneirons, Sans fin, sans intervalle.
XXVIII De profundis clamavi ad te Domine
Argument: Affectueuse priere de celluy, qui par son peché a beaucoup d'adversitez, et toutesfois, par esperance ferme se promect obtenir de Dieu remission de ses pechez, et delivrance de ses maulx. Pseaulme propre pour tous ceulx qui font penitence.
Du fond de ma pensée, Au fond de touts ennuys, A toy s'est addressée Ma clameur jours, et nuycts. Entends ma voix plaintive, Seigneur, il est saison, Ton oreille ententive Soit à mon oraison.
Si ta rigueur expresse En noz pechés tu tiens, Seigneur, Seigneur, qui est ce, Qui demourra des tiens? Or n'es tu point severe, Mais propice à mercy: C'est pourquoy on revere Toy, et ta Loy aussi.
En Dieu je me console, Mon âme si attend, En sa ferme parolle Tout mon espoir s'estend: Mon âme à Dieu regarde Matin, et sans sejour, Plus matin, que la garde Assise au poinct du jour.
Qu'Israel en Dieu fonde Hardyment son appuy: Car en Dieu grâce abonde, Et secours est en luy: C'est celluy qui sans doubte Israel jectera Hors d'iniquité toute, Et le racheptera.
XXIX Super flumina Babylonis.
Argument: C'est le cantique des prestres, Levites, et chantres sacrez de Hierusalem, captifz en Babylone. Pseaulme propre pour les Chrestiens prisonniers en Turquie.
Estants assis aux rives aquaticques De Babylon, pleurions melancholicques, Nous souvenant du pays de Sion: Et au milieu de l'habitation, Où de regret tant de pleurs espandismes, Aux saules vertz noz harpes nous pendismes.
Lors ceulx, qui là captifz nous emmenarent, De les sonner fort nous importunarent, Et de Syon les chansons reciter: Las dismes nous, qui pourroit inciter Noz tristes cueurs à chanter la louange De nostre Dieu, en une terre estrange?
Or toutesfoys, puisse oublier ma dextre L'art de harper, avant qu'on te voye estre Hierusalem, hors de mon souvenir: Ma langue puisse à mon palays tenir Si je t'oublie, et si jamais ay joye, Tant que premier ta delivrance j'oye.
Mais doncq Seigneur, en ta memoyre imprime Les filz d'Edom, qui sur Hierosolyme Crioyent au jour que l'on la destruysoit: Souvienne toy que chascun d'eulx disoit, A sac, à sac, qu'elle soit embrasée, Et jusqu'au pied des fondements rasée.
Aussi sera Babylon mise en cendre: Et tresheureux, qui te sçaura bien rendre Le mal dont trop de pres nous vient toucher: Heureux celluy, qui viendra arracher Les tiens enfants d'entre tes mains impures, Pour les froisser contre les pierres dures.
XXX Pseaulme Cent quarante et troisiesme Domine exaudi orationem meam, auribus percipe.
Argument: C'est la priere qu'il feit, quand par craincte de Saül il se cacha en une fosse, où il s'attendoit d'estre pris, dont il estoit en grande angoisse. Pseaulme propre à ceulx qui sont prisonniers pour la foy.
Seigneur Dieu, oy l'oraison mienne: Jusqu'à tes oreilles parvienne Mon humble supplication: Selon la vraye mercy tienne Responds moy en affliction.
Avec ton serviteur n'estrive; Et en plein jugement n'arrive, Pour ses offenses luy prouver: Car devant toy homme qui vive, Juste ne se pourra trouver.
Las, mon ennemy m'a faict guerre, A prosterné ma vie en terre: Encor ne luy est pas assez, En obscure fosse m'enserre, Comme ceulx, qui sont trespassés.
Dont mon âme ainsi empressée, De douleur se trouve oppressée, Cuydant que m'as abandonné: J'en sens dedans moy ma pensée Troublée, et mon cueur estonné.
En ceste fosse obscure, et noyre, Des jours passés j'ay heu memoyre: Là j'ay tes oeuvres medités, Et pour confort consolatoyre, Les faicts de tes mains recités.
Là dedans à toy je souspire, A toy je tends mes mains, ô Sire, Et mon âme en sa grand'clameur A soif de toy, et te desire, Comme seiche terre l'humeur.
Haste toy, soys moy secourable, L'esprit me fault, de moy damnable Ne cache ton visage beau: Aultrement je m'en voys semblable A ceulx qu'on devalle au tumbeau.
Fais moy doncq ouyr de bonne heure Ta grâce, car en toy m'asseure: Et du chemin, que tenir doy, Donne m'en congnoissance seure, Car j'ay levé mon cueur à toy.
O Seigneur Dieu, mon esperance, Donne moy pleine delivrance De mes poursuyvants ennemys, Puis que chés toy, pour asseurance, Je me suis à refuge mys.
Enseigne moy comme il fault faire Pour bien ta voulunté parfaire, Car tu es mon vray Dieu entier: Fais que ton esprit debonnaire Me guide, et meine au droict sentier.
O Seigneur, en qui je me fie, Restaure moy, et vivifie, Pour ton Nom craint, et redoubté: Retire de langueur ma vie, Pour monstrer ta juste bonté.
Touts les ennemys qui m'assaillent, Fais par ta mercy qu'ilz deffaillent: Et rends confonduz, et destruicts Touts ceulx qui ma vie travaillent, Car ton humble serviteur suis.
Fin * La mort n'y mord *
Vingt Pseaulmesnouvellement mis en Françoys, & envoyés au Roy, par Clement Marot
Beginning of Psalm 18 in
the Geneva edition of Jean Girard, 1543
I Diligam te Domine.
Argument: Hymne tresexcellent lequel David chanta au seigneur Dieu apres qu'il l'eut rendu paisible et victorieux sur Saul et sur tous ses autres ennemys, prophetisant de Jesuchrist en la conclusion du pseaulme.
Ps. 18 from the Oeuvres printed by Dolet, 1543
II Dominus regit me, et nihil
Argument: Il chante les biens et la felicité qu'il a et d'une merveilleuse fiance se promet que dieu duquel ce bien luy vient le traictera tousjours de mesmes.
Mon Dieu me paist soubs sa puissance haulte, C'est mon berger, de rien je n'auray faulte. En tect bien seur, joignant les beaulx herbages, Coucher me faict, me meine aux clairs rivages, Traicte ma vie en doulceur treshumaine, Et pour son Nom, par droicts sentiers me meine Si seurement, que quand au val viendroye D'umbre de mort, rien de mal ne craindroye, Car avec moy tu es à chascune heure: Puis ta houlette, et conduicte m'asseure. Tu enrichys de vivres necessaires Ma table, aux yeulx de touts mes adversaires. Tu oings mon chef d'huyles, et senteurs bonnes, Et jusqu'aux bords pleine tasse me donnes, Voyre, et feras que ceste faveur tienne, Tant que vivray compaignie me tienne, Si que tousjours de faire ay esperance En la maison du Seigneur demourance.
III Ad te Domine levavi animam
Argument: Icy l'homme pressé de ses pechez et de la malice de ses ennemys prie le Seigneur Dieu pour soy et generalement pour tout le peuple.
A Toy, mon Dieu, mon cueur monte, En Toy mon espoir ay mys, Fais que je ne tombe à honte, Au gré de mes ennemys.
Honte n'auront voyrement Ceulx qui dessus toy s'appuyent, Mais bien ceulx qui durement Et sans cause les ennuyent.
Le chemin que tu nous dresses Fays moy congnoistre, Seigneur, De tes sentes, et addresses Vueilles moy estre enseigneur.
Achemine moy au cours De ta verité patente, Comme Dieu de mon secours, Où j'ay chascun jour attente.
De tes bontés te recorde, Metz en memoyre, et estends Ceste grand' misericorde, Dont usé a de tout temps.
Oublye la mauvaistié De l'orde jeunesse mienne, De moy, selon ta pitié, Par ta bonté te souvienne.
Dieu est bon, et veritable, L'a esté, et le sera, Parquoy en voye equitable Les pecheurs raddressera.
Les humbles fera venir A vie juste, et decente, Aux humbles fera tenir L'Eternel sa droicte sente.
Bonté, seurté, souvenance, Ce sont de Dieu les sentiers, A ceulx, qui sa convenance Gardent bien, et vouluntiers.
Helas Seigneur tout parfaict, Pour l'amour de ton Nom mesme, Pardonne moy mon forfaict, Car c'est ung forfaict extresme.
Quel homme c'est, à vray dire, Qui en Dieu son desir a, Du chemin qu'il doibt eslire L'Eternel l'advertira.
A repos parmy ses biens Vivra son cueur en grand' eage, Puis auront les Enfants siens La terre pour heritage.
Dieu faict son secret paroistre A ceulx qui l'ont en honneur, Et leur monstre, et faict congnoistre De son contract la teneur.
Quant à moy, yeulx, et espritz En tout temps à Dieu je tourne, Car mes piedz, quand ilz sont pris, Du filé tire, et destourne.
Jecte doncq sur moy ta veuë, Prens de moy compassion, Personne suis despourveuë, Seulle, et en affliction.
Jà mon cueur sent empirer, Et augmenter ses destresses, Las, vueille moy retirer De ces miennes grands oppresses.
Tourne à mon tourment ta face, Voy ma peine, et mon soucy, Et touts mes pechés efface, Qui sont cause de cecy.
Voy mes ennemys, qui sont Non seullement grosse bande, Mais qui sur moy certes ont Hayne furieuse, et grande.
Preserve de leur embusche Ma vie, et delivre moy, Qu'à honte je ne tresbuche, Puis que j'ay espoir en toy.
Que ma simple integrité (Comme à l'ung des tiens) me serve, Et de toute adversité Israel tire, et conserve.
IV Exultate justi in Domino, rectos
Argument: C'est ung bel hymne auquel le prophete invite d'entrée à celebrer le tout puissant: puis chante que tout est plein de sa bonté, recite ses merveilles, admonneste les princes de ne se fier en leurs forces et que dieu assiste à ceulx qui les reverent: puis invoque sa bonté.
Resveillez vous chascun fidele, Menez en Dieu joye orendroit, Louange est tresseante, et belle En la bouche de l'homme droit:
Sur la doulce harpe Pendue en escharpe Le Seigneur louez, De Luz, d'Espinettes, Sainctes chansonnettes A son Nom jouez.
Chantez de luy par melodie, Nouveau vers, nouvelle chanson, Et que bien on la psalmodie, A haulte voix, et plaisant son.
Car ce que Dieu mande, Qu'il dit et commande, Est juste, et parfaict: Tout ce qu'il propose, Qu'il faict, et dispose, A fiance est faict.
Il ayme d'amour souveraine, Que droit regne, et justice ayt lieu: Quand tout est dit, la terre est pleine De la grande bonté de Dieu.
Dieu par sa Parolle Forma chascun pole, Et Ciel precieux, Du vent de sa bouche Feit ce qui attouche Et orne les cieulx.
Il a les grands eaux amassées En la mer, comme en ung vaisseau, Aux abysmes les a mussées, Comme ung thresor en ung monceau.
Que la terre toute Ce grand Dieu redoubte, Qui feit tout de rien: Qu'il n'y ait personne, Qui ne s'en estonne, Au val terrien.
Car toute chose qu'il a dite A esté faicte promptement, L'obeyssance aussi subite A esté, que le mandement.
Le conseil, l'emprise Des gens il desbrise, Et mect à l'envers: Vaines, et cassées Il rend les pensées Des peuples divers.
Mais la divine providence Son conseil sçait perpetuer, Ce que son cueur une foys pense, Dure à jamais, sans se muer.
O gent bienheurée, Qui, toute asseurée, Pour son Dieu le tient: Heureux le lignage, Que Dieu en partage Choysit, et retient.
Le Seigneur Eternel regarde Icy bas du plus hault des cieulx: Dessus les humains il prend garde, Et les voit touts devant ses yeulx.
De son Throsne stable, Paisible, equitable, Ses clairs yeulx aussi Jusqu'au fons visitent Touts ceulx qui habitent En ce monde icy.
Car luy seul, sans aultruy puissance, Forma leurs cueurs, telz qu'ilz les ont: C'est luy seul qui a congnoissance Quelles toutes leurs oeuvres sont.
Nombre de gensd'armes, En assaultz n'alarmes, Ne saulvent le Roy: Bras ny halebarde, L'homme fort ne garde, De mortel desroy.
Celluy se trompe, qui cuyde estre Saulvé par cheval bon, et fort: Ce n'est point par sa force adextre, Que l'homme eschappe ung dur effort.
Mais l'oeil de Dieu veille Sur ceulx, à merveille, Qui de voulunté Craintifz le reverent: Qui aussi esperent En sa grand' bonté.
Affin que leur vie il delivre, Quand la Mort les menacera: Et qu'il leur donne de quoy vivre Au temps, que famine sera.
Que doncques nostre âme L'Eternel reclame, S'attendant à luy. Il est nostre addresse, Nostre forteresse, Pavoys, et appuy.
Et par luy grand' resjouyssance Dedans noz cueurs tousjours aurons, Pourveu qu'en la haulte puissance De son Nom sainct nous esperons.
Or ta bonté grande Dessus nous s'espande, Nostre Dieu, et Roy, Tout ainsi qu'entente, Espoir, et attente Nous avons en toy.
V Dixit injustus, ut delinquat in semetipso
Argument: Il s'esmerveille de la grand bonté de Dieu, laquelle est si espandue par tout que mesmes les mauvais s'en sentent: puis chante que les esleuz la sentent singulierement sur tous comme par benediction et prie Dieu la continuer plus longuement à ceulx qui le congnoissent et le garder de la violence des mauvais desquelz il predit aussi la ruine.
Du maling les faictz vicieux Me disent que devant ses yeulx N'a point de Dieu la crainte: Car tant se plaist en son erreur, Que l'avoir en hayne, et horreur, C'est bien force, et contraincte.
Son parler est nuysant, et fin: Doctrine va fuyant, affin De jamais bien ne faire. Songe en son lict meschanceté: Au chemin tors est arresté: A nul mal n'est contraire.
O Seigneur, ta benignité Touche aux cieulx, et ta verité Dresse aux Nues la teste. Tes jugements semblent haultz monts, Ung abysme tes actes bons, Tu gardes homme, et beste.
O que tes grâces nobles sont Aux hommes, qui confiance ont En l'ombre de tes aesles! De tes biens saoules leurs desirs, Et au fleuve de tes plaisirs, Pour boyre les appelles.
Car source de vie en toy gist, Et ta clarté nous eslargist Ce qu'avons de lumiere. Continue, ô Dieu tout puissant, A tout cueur droict te congnoissant, Ta bonté coustumiere.
Que le pied de l'homme inhumain De moy n'approche, et que sa main Ne m'ebranle ne greve. C'est faict, les iniques cherront, Et repoulsés tresbucheront; Sans qu'ung d'eulx se releve.
VI Deus, Deus meus, ad te [This is the incipit of Vulgate Psalm 62 (LXII). The error is probably Marot's, since it is copied always afterwards. The correct incipit of Psalm 43 (XLII) is “Iudica me Deus.” BTW: notice the dyslectic potential of the Roman numerals].
Argument: Il prie estre delivré de ceulx qui avoient conjuré avec Absalon affin qu'il puisse à bon escient publier les louanges de Dieu en la saincte congregation.
Revenge moy, prends la querelle De moy, Seigneur, par ta mercy, Contre la gent faulse, et cruelle: De l'homme, remply de cautelle, Et en sa malice endurcy, Delivre moy aussi.
Las, mon Dieu, tu es ma puissance, Pourquoy t'enfuys, me reboutant? Pourquoy permectz qu'en desplaisance Je chemine, soubz la nuysance De mon adversaire, qui tant Me va persecutant?
A ce coup ta lumière luyse, Et ta Foy veritable tien, Chascune d'elles me conduyse En ton sainct Mont, et m'introduyse Jusqu'au Tabernacle tien, Avecq humble maintien.
Là dedans prendray hardiesse D'aller de Dieu jusqu'à l'autel, Au Dieu de ma joye, et liesse, Et sur la harpe chanteresse Confesseray qu'il n'est Dieu tel Que toy, Dieu immortel.
Mon cueur, pourquoy t'esbahys ores? Pourquoy te debatz dedans moy? Attends le Dieu que tu adores, Car grâces luy rendray encores, Dont il m'aura mys hors d'esmoy, Comme mon Dieu, et Roy.
VII Eructavit cor meum verbum bonum
Argument: C'est le chant nuptial de Jesuchrist et de son eglise soubz la figure de Salomon et de sa principale femme, fille de Pharaon.
Propos exquis fault que de mon cueur sorte, Car du Roy veulx dire Chanson, de sorte Qu'à ceste foys ma langue mieulx dira Qu'un Scribe prompt de plume n'escrira.
Le mieulx formé tu es d'humaine race, En ton parler gist merveilleuse grâce: Parquoy Dieu faict que toute nation Sans fin te loue en benediction.
O le plus fort que rencontrer on puisse, Accoustre, et ceintz sur ta robuste cuisse Ton glaive aigu, qui est la resplendeur, Et l'ornement de Royalle grandeur.
Entre en ton Char, triumphe à la bonne heure En grand honneur, puis qu'avecq toy demeure Verité, Foy, Justice, et cueur humain, Veoir te feras de grands choses ta main.
Tes Dards luysants, et tes Sagettes belles Poignantes sont: les cueurs à toy rebelles Seront au vif d'icelles transpercés, Et dessoubz toy les peuples renversés.
O divin Roy, ton Throsne venerable C'est un hault Throsne, à jamais perdurable: Le Sceptre aussi de ton Regne puissant, C'est d'equité le Sceptre fleurissant.
Iniquité tu hays, aymant justice, Pour ces raisons, Dieu, ton Seigneur propice, Sur tes consors t'ayant le plus à gré, D'huyle de joye odorant t'a sacré.
De tes habits les plys ne sentent qu'Ambre, Et Musc, et Myrrhe, en allant de ta Chambre Hors ton Palays d'yvoire, hault et fier, Là où chascun te vient gratifier.
Avecq toy sont filles de Roys bien nées, De tes presents moult precieux ornées, Et la nouvelle Espouse à ton costé, Qui d'or d'Ophir couronne sa beaulté.
Escoute fille en beaulté nonpareille, Entends à moy, et me preste l'oreille: Il te convient ton peuple familier, Et la maison de ton pere oublier.
Car nostre Roy, nostre souverain Sire, Moult ardamment ta grand' beaulté desire D'oresnavant ton Seigneur il sera, Et de toy humble obeyssance aura.
Peuples de Tyr, peuples pleins de richesses, D'honneur, et dons te feront grands largesses, Ce ne sera de la Fille du Roy, Soubz manteau d'or, sinon tout noble arroy.
D'habits brodés richement atournée, Elle sera devers le Roy menée, Avecq le train des Vierges, la suyvants, Et de ses plus prochaines, la servants.
Pleines de joye, et d'ennuy exemptées, Au Roy seront ensemble presentées: Elles, et toy, en triumphe, et bonheur, L'yrez trouver en son Palays d'honneur.
Ne plainds doncq point de laisser pere, et mere: Car en lieu d'eulx, mariage prospere Te produyra beaulx, et nobles enfants, Que tu feras par tout Roys triumphants.
Quant est de moy, à ton Nom, et ta gloyre Feray escriptz d'eternelle memoyre, Et par lesquelz les gens, à l'advenir, Sans fin vouldront te chanter, et benir.
VIII Deus noster refugium, et virtus
Argument: Les bons chantent icy quelle fiance et seureté ilz ont en tous perilz ayans Dieu pour leur garde.
Des qu'adversité nous offense, Dieu nous est appuy, et deffense, Au besoing l'avons esprouvé, Et grand secours en luy trouvé:
Dont plus n'aurons crainte ne doubte, Et deust trembler la terre toute, Et les Montaignes abysmer Au milieu de la haulte mer.
Voyre deussent les eaux profondes Bruyre, escumer, enfler leurs undes, Et par leur superbe pouvoir Rochers, et Montaignes mouvoir.
Au temps de tourmente si fiere, Les ruysseaux de nostre riviere Resjouyront la grand' cité, Lieu tressainct de la deité.
Il est certain qu'au milieu d'elle Dieu faict sa demeure eternelle, Rien esbranler ne la pourra, Car Dieu prompt secours luy donra.
Trouppes de gens sur nous coururent, Meuz contre noz Royaulmes furent, Du bruyt des voix tout l'air fendoit, Et soubz eulx la terre fondoit.
Mais pour nous, en ces durs alarmes, A esté le grand Dieu des armes. Le Dieu de Jacob, c'est ung Fort Pour nous, encontre tout effort.
Venez, contemplez en vous mesmes Du Seigneur les actes supresmes, Et ces lieux terrestres voyez, Comment il les a nettoyés.
Il a estaint cruelle guerre, Par tout, jusqu'aux fins de la terre, Brisé Lances, rompu les Arcs, Et par feu les Chariotz ards.
Cessez, dit il, et congnoissance Ayez de ma haulte puissance, Dieu suis, j'ay exaltation Sur toute terre, et nation.
Conclusion, le Dieu des armes Des nostres est en touts alarmes: Le Dieu de Jacob, c'est ung Fort Pour nous encontre tout effort.
IX Deus deorum dominus locutus est
Argument: Il prophetise comment Dieu debvoit appeller à soy toutes nations par l'evangille et ne demander aux siens pour tous sacrifices sinon confession et predication de sa bonté, detestant ceulx qui se vantent d'observer sa religion sans que leur cueur soit touché de zele ne d'amour en luy.
Le Dieu, le fort, l'Eternel parlera, Et hault, et clair la terre appellera, De l'Orient jusques à l'Occident. Devers Syon Dieu clair, et evident Apparoistra, orné de beaulté toute: Nostre grand Dieu viendra, n'en faictes doubte, Ayant ung feu devorant devant luy, D'ung vehement tourbillon circuy. Lors huchera et terre, et ciel luysant, Pour juger là tout son peuple, en disant: Assemblez moy mes sainctz, qui par fiance Sacrifiants ont prins mon alliance, (Et vous les cieulx, direz en tout endroit Son jugement, car Dieu est Juge droit) Entends mon peuple, et à toy parleray, Ton Dieu je suis, rien ne te celeray: Par moy reprins ne seras des offrandes Qu'en sacrifice ay voulu que me rendes, Je n'ay besoing prendre en nulle saison Bouc de tes parcs, ne Boeuf de ta maison: Touts animaulx des boys sont de mes biens, Mille trouppeaulx en mille monts sont miens, Miens je congnoys les Oyseaulx des montaignes, Et Seigneur suis du bestail des campaignes: Si j'avoys faim, je ne t'en diroys rien, Car à moy est le monde, et tout son bien. Suis je mangeur de chair de gros Taureaux? Ou boy je le sang de Boucz, ou de Chevreaux? A l'Eternel louange sacrifie, Au Souverain rends tes voeux, et t'y fie: Invocque moy, quand oppressé seras, Lors t'aideray, puis honneur m'en feras. Aussi dira l'Eternel au meschant, Pourquoy va tu mes editz tant preschant, Et prens ma Loy en ta bouche maline, Veu que tu as en hayne discipline, Et que mes dictz jectes, et ne reçoys? Si ung larron d'adventure apperçoys, Avecq luy cours: car aultant que luy vaux, T'accompaignant de paillards, et ribaux: Ta bouche metz à mal, et mesdisances, Ta langue brasse et fraudes, et nuisances, Causant assis pour ton prochain blasmer, Et pour ton frere, ou cousin diffamer: Tu fays ces maulx, et ce pendant que riens Je ne t'en dy, tu m'estimes, et tiens Semblable à toy: mais, quoy que tard le face, T'en reprendray quelcque jour à ta face. Or entendez cela, je vous supply, Vous, qui mectez l'Eternel en oubly, Que sans secours ne soyez tous deffaictz. Sacrifiant louange, honneur me fays, Dit le Seigneur, et qui tient ceste voye, Doubter ne fault que mon salut ne voye.
X Deus judicium tuum regi da
Argument: Il prie que le regne de Dieu advienne par Jesuchrist prophetisant l'estendue, l'equité, felicité et longue durée d'icelluy regne, le tout soubz la figure de celluy de Salomon.
Tes jugements, Dieu veritable, Baille au Roy pour regner, Vueilles ta justice equitable Au filz du Roy donner.
Il tiendra ton peuple en justice, Chassant iniquité: A tes paovres sera propice, Leur gardant equité.
Les peuples verront aux montaignes La paix croistre, et meurir, Et par coustaux, et par campaignes, La justice fleurir.
Ceulx du peuple, estants en destresse, L'auront pour deffenseur: Les paovres gardera d'oppresse, Reboutant l'oppresseur.
Aussi ung chascun, et chascune, O Roy, t'honnorera, Sans fin, tant que Soleil, et Lune, Au monde esclairera.
Il vient comme pluye agreable Tombant sur prés fauchés, Et comme rosée amiable Sur les terroirs sechés:
Luy regnant, fleuriront par voye Les bons, et gracieux En longue paix, tant qu'on ne voye De Lune plus aux cieulx.
De l'une mer large, et profonde Jusques à l'aultre mer, D'Euphrates, jusqu'au bout du monde, Roy se fera nommer.
Ethiopes viendront grand erre Se cliner devant luy, Ses hayneux baiseront la terre, A l'honneur d'icelluy.
Roys d'Isles, et de la mer creuse, Viendront à luy presents, Et Roys d'Arabie l'heureuse, Pour luy faire presents.
Touts aultres Roys viendront, sans doubte, A luy s'humilier, Et le vouldra nation toute Servir, et supplier.
Car delivrance il donra bonne Au paovre à luy pleurant, Et au chetif, qui n'a personne, Qui luy soit secourant.
Aux calamiteux, et pleurables, Sera doulx, et piteux, Saulvant les vies miserables Des paovres souffreteux.
Les gardera de violence, Et dol pernicieux, Ayant leur sang, par sa clemence, Moult cher, et precieux.
Chascun vivra, l'Or Arabicque A touts departira, Dont, sans fin, Roy tant magnificque, Par tout on beneira.
De peu de grains, force blé: somme, Les espis chascun an Sur les monts bruyront en l'air, comme Les arbres de Liban.
Fleurira la tourbe civile Des bourgeoys, et marchants, Multipliants dedans la ville, Comme herbe par les champs.
Sans fin bruyra le Nom, et gloyre De ce Roy nompareil, De son renom sera memoyre Tant qu'y aura Soleil.
Toutes nations, asseurées Soubz Roy tant valeureux, S'en yront vantant bienheurées, Et le diront heureux.
Dieu, le Dieu des Israelites, Qui sans secours d'aulcun Faict des merveilles non petites Soit loué de chascun.
De sa gloyre tresaccomplie Soit loué le renom, Soit toute la terre remplie Du hault loz de son Nom. Amen.
XI Deus venerunt gentes in haereditatem tuam
Argument: Il se complainct de la calamité advenue en Hierusalem par Antichus contre lequel il demande aussi l'ayde de Dieu.
Les gens entrés sont en ton heritage, Ilz ont pollu, Seigneur, par leur oultrage, Ton Temple sainct, Hierusalem destruicte, Si qu'en monceaulx de pierres l'ont reduicte.
Ilz ont baillé les corps De tes serviteurs morts Aux Corbeaux, pour les paistre: La chair des bien vivants Aux animaulx suyvants Boys, et plaine champestre.
Entour la ville, où fut ce dur esclandre, Las, on a veu le sang d'iceulx espandre, Ainsi comme eau' jectée à l'adventure, Sans que vivant leur donnast sepulture.
Ceulx, qui noz voysins sont, En opprobre nous ont, Nous mocquent, nous despitent: Ores sommes blasmés, Et par ceulx diffamés Qui entour nous habitent.
Helas, Seigneur, jusques à quand sera ce? Nous tiendra tu pour jamais hors de grâce? Ton ire ainsi embrasée, ardra elle, Comme une grand' flambe perpetuelle?
Tes indignations Espands sur nations Qui n'ont ta congnoissance: Ce mal viendroit appoint Aux Royaulmes, qui point N'invocquent ta puissance.
Car ceulx là ont toute presques estaincte Du bon Jacob la posterité saincte, Et en desert totallement tournée La demourance à luy par toy donnée.
Las, ne nous ramentoy Les vieulx maulx contre toy Perpetrés à grands sommes: Haste toy, vienne avant Ta bonté, nous saulvant, Car moult affligés sommes.
Assiste nous, nostre Dieu secourable, Pour l'honneur hault de ton Nom venerable: Delivre nous, soys piteux, et paisible En noz pechés, pour ta gloyre indicible.
Qu'on ne die au milieu Des gens, où est leur Dieu? Ains punis leurs offenses, Vueilles de toutes pars Des tiens le sang espars Venger, en noz presences.
Des prisonniers le gemissement vienne Jusques au ciel, en la presence tienne: Les condamnés, et ceulx qui jà se meurent, Fays que vivants par ton pouvoir demeurent.
A noz voysins aussi En leur sein endurcy, Sept foys vueilles leur rendre Le blasme, et deshonneur Que contre toy, Seigneur, Ont osé entreprendre.
Et nous alors ton vray peuple, et tes hommes, Et qui trouppeau de ta pasture sommes, Te chanterons par siecles innombrables, De filz en filz preschant tes faictz louables.
XII Inclina Domine aurem tuam, et ex
Argument: David requiert à Dieu premierement qu'il le face vivre sans peché, secondement qu'il l'asseure de ses ennemys, luy donnant vie heureuse: puis racompte la puissance et bonté de Dieu jà manifestée et qu'il doibt encores manifester à luy et aux autres.
Mon Dieu, preste moy l'oreille, Par ta bonté nompareille: Responds moy, car plus n'en puis, Tant paovre, et affligé suis.
Garde, je te pry, ma vie, Car de bien faire ay envie: Mon Dieu, garde ton servant, En l'espoir de toy vivant.
Las, de faire te recorde Faveur, et misericorde A moy, qui tant humblement T'invocque journellement.
Et donne liesse à l'âme Du serf, qui seigneur te clame, Car mon cueur, ô Dieu des Dieux, J'esleve à toy jusqu'aux cieulx.
A toy mon cueur se transporte, Car tu es de bonne sorte, Et à ceulx pleins de secours, Qui à toy vont à recours.
Doncques la priere mienne A tes oreilles parvienne. Entends, car il est saison, La voix de mon oraison.
Des qu'angoisse me tourmente, A toy je crie, et lamente, Pource qu'à ma triste voix Tu responds souventesfoys.
Il n'est Dieu à toy semblable, Ny à toy accomparable, Ne qui se sceust usiter A tes oeuvres imiter.
Toute humaine creature, Qui de toy a prins facture Viendra te glorifier, Et ton Nom magnifier.
Car tu es grand à merveilles, Et fays choses nompareilles: Aussi as tu l'honneur tel, D'estre seul Dieu immortel.
Mon Dieu, monstre moy tes voyes, Affin qu'aller droict me voyes, Et sur tout, mon cueur non fainct Puisse craindre ton Nom sainct.
Mon Seigneur Dieu, ta haultesse Je veulx celebrer sans cesse, Et ton sainct Nom je pretends Glorifier en tout temps.
Car tu as à moy indigne Monstré grand' bonté benigne, Tirant ma vie du bort Du bas Tumbeau de la mort.
Mon Dieu, les pervers m'assaillent, A grands trouppes sur moy saillent, Et cherchent à mort me veoir, Sans à toy regard avoir.
Mais tu es Dieu pitoyable, Prompt à mercy, et ployable, Tardif à estre irrité, Et de grand' fidelité.
En pitié doncq me regarde, Baille ta force, et ta garde, Au foyble serviteur tien, Et ton esclave soustien.
Quelcque bon signe me donne, Qui mes ennemys estonne, Quand verront que toy, Saulveur, Me presteras ta faveur.
XIII Qui habitat in adjutorio altissimi
Argument: Le prophete chante en quelle seureté vit et de combien de maulx est exempté celluy qui d'une ferme fiance se soubmet du tout à Dieu.
Qui en la garde du hault Dieu Pour jamais se retire, En umbre bonne, et en fort lieu Retiré se peult dire.
Concluz doncq en l'entendement, Dieu est ma garde seure, Ma haulte tour, et fondement, Sur lequel je m'asseure:
Car du subtil laqs des chasseurs, Et de toute l'oultrance Des pestiferes oppresseurs, Te donra delivrance.
De ses plumes te couvrira, Seur seras soubz son aesle, Sa deffense te servira De targe, et de rondelle,
Si que de nuict ne craindras point Chose qui espouvante, Ne dard ne sagette qui poingt, De jour en l'air vollante.
N'aulcune peste cheminant Lors qu'en tenebres sommes, Ne mal soubdain exterminant En plein midy les hommes.
Quant à ta dextre il en cherroit Mille, et mille à senestre, Leur mal de toy n'approcheroit, Quelcque mal que puisse estre:
Ains, sans effroy, devant tes yeulx Tu les verras deffaire, Regardant les pernicieux Recevoir leur salaire.
Et tout, pour avoir dict à Dieu, Tu es la garde mienne, Et d'avoir mis en si hault lieu La confiance tienne.
Malheur ne te viendra chercher, Tien le pour chose vraye, Et de ta maison approcher Ne pourra nulle playe.
Car il fera commandement A ses Anges tresdignes, De te garder songneusement, Quelcque part que chemines.
Par leurs mains seras soubzlevé, Affin que d'adventure Ton pied ne choppe, et soit grevé Contre la pierre dure.
Sur Lyonceaux, et sur Aspics, Sur Lyons pleins de rage, Et sur Dragons, qui vallent pis, Marcheras sans dommage.
Car voicy, que Dieu dict de toy D'ardante amour m'honnore: Garder, et secourir le doy, Car mon Nom il adore.
S'il m'invocque, l'exaulceray: Aussi pour le deffendre En mal temps avecq luy seray: A son bien veulx entendre,
Et faire de ses ans le cours Tout à son desir croistre: En effect, quel est mon secours Je luy feray congnoistre.
XIV Misericordiam, et judicium cantabo
Argument: David n'estant encores roy paisible, promet à Dieu, des qu'il le sera, faire l'office d'ung bon prince, c'est assavoir vivre sans faire tort, estre rigoreux aux mauvais et eslever les gens de bien.
Vouloir m'est prins de mectre en escripture Psalme, parlant de bonté, et droicture, Et si le veulx à toy, mon Dieu, chanter, Et presenter.
Tenir je veulx la voye non nuysible, Quand viendras tu me rendre Roy paisible? D'ung cueur tout pur conduiray ma maison, Avecq raison.
Rien de maulvais y veoir n'auray envie, Car je hay trop les meschants, et leur vie, Ung seul d'entre eulx autour de moy adjoinct Ne sera point.
Tout cueur ayant pensée desloyalle, Deslogera hors de ma Court Royalle, Et le nuysant n'y sera bien venu, Non pas congnu.
Qui par mesdire apart son prochain greve, Qui a cueur gros, et les sourcilz esleve, L'ung mectray bas, l'aultre souffrir, pour vray, Je ne pourray.
Mes yeulx seront fort diligents à querre Les habitants fideles de la terre, Pour estre à moy: qui droicte voye yra, Me servira.
Qui s'estudie à user de fallace, En ma maison point ne trouvera place: De moy n'aura mensonger, ne baveur, Bien, ne faveur.
Ains du pays chasseray de bonne heure Touts les meschants, tant qu'ung seul n'y demeure, Pour du seigneur nettoyer la cité D'iniquité.
XV Confitemini Domino; quoniam bonus
Argument: Le Psalmiste dit que toutes afflictions viennent et s'en vont par volunté divine et allegue sur ce les perilz et calamitez des errans aux desertz, des prisonniers, des malades et des agitez sur la mer, la requeste qu'ilz font à Dieu, comment ilz l'obtiennent, comment ilz en rendent grâces et comment Dieu tient toutes choses en sa main et les change comme il luy plaist.
Donnez au Seigneur gloyre, Il est doulx, et clement, Et sa bonté notoyre Dure eternellement.
Ceulx qu'il a racheptés, Qu'ilz chantent sa haultesse, Et ceulx qu'il a jectés Hors de la main d'oppresse.
Les ramassant ensemble D'Orient, d'Occident, De l'Aquilon qui tremble, Et du Midy ardent.
Si d'aventure errants Par les deserts se treuvent, Demourance querants, Et que trouver n'en peuvent:
Et si l'aspre famine Et la soif sans liqueur Les travaille, et leur mine Et le corps, et le cueur:
Pourveu qu'à tel besoing Criants, à Dieu lamentent, Subit il les mect loing Des maulx, qui les tourmentent.
Et droict chemin passable Leur monstre, et faict tenir, Pour en ville habitable Les faire parvenir.
Lors de Dieu vont chantant Les bontés nompareilles, Cà, et là racomptant Aux hommes ses merveilles.
D'avoir l'âme assouvie, Qui de soif languissoit, Saoulant de biens la vie, Qui de faim perissoit.
Ceulx qui sont resserrés En tenebres mortelles, Enchesnés, enferrés, Et souffrants peines telles,
Pour avoir la Parolle De Dieu, mise à despris, Et tenant pour frivolle Son conseil de hault pris,
Quand par tourments leurs cueurs Humiliés demeurent, Abbatuz de langueurs, Sans que nulz les sequeurent.
Pourveu qu'à Dieu s'addressent, L'appellants au besoing, Touts les maulx qui les pressent, Il les renvoye au loing.
Des prisons les mect hors, Mortelles, et obscures, Rompant leurs lyens forts, Cordes, et chesnes dures.
Les bontés nompareilles De Dieu lors vont chantant, Cà, et là ses merveilles Aux hommes racomptant.
D'avoir jusqu'aux courreaux Brisé d'arain les portes, Et de fer les barreaux Rompu de ses mains fortes.
Les folz, qui les supplices Sentent de leurs pechés, Et qui sont par leurs vices Malades, assechés,
Dont le cueur, tout repas Et viande abhomine, Et qui sont pres du pas De la mort, qui les mine,
Pourveu qu'à Dieu s'addressent, L'appellants au besoing, Touts les maulx qui les pressent Il les renvoye au loing.
D'un seul mot qu'[il] transmet Leur donne santé telle, Que du tout hors les met De ruyne mortelle.
Les bontés nompareilles De Dieu lors vont chantant, Cà, et là ses merveilles Aux hommes racomptant.
A Dieu d'ardant desir Louange sacrifient, Et avecq grand plaisir Ses oeuvres magnifient.
Ceulx qui dedans gallées Dessus la mer s'en vont, Et en grands eaux sallées Mainte trafficque font:
Ceux là voyent de Dieu Les oeuvres merveilleuses, Sur le profond milieu Des vagues perilleuses.
Le vent, s'il luy commande, Souffle tempestueux, Et s'enfle en la mer grande Le flot impetueux:
Lors montent au ciel hault, Puis aux gouffres descendent, Et d'effroy, peu s'en fault Que les âmes ne rendent.
Chancellent en yvrongne, Troublés du branlement, Tout leur sens les eslongne, Perdent l'entendement.
Mais si à tel besoing Criants, à Dieu lamentent, Subit il les mect loing Des maulx qui les tourmentent.
Faict au vent de tempeste Sa fureur rabaisser, Faict que la mer s'arreste, Et ses undes cesser.
L'orage retiré, Chascun joye demeine, Et au port desiré Le Seigneur Dieu les meine.
Les bontés nompareilles De Dieu lors vont chantant, Cà, et là ses merveilles Aux hommes racomptant.
Parmy le peuple bas Le surhaulsent en gloyre, Et ne le taisent pas Des grands au consistoyre.
Luy, qui les eaux profondes En desert convertit, Et les sources des undes Asseche, et divertit.
Luy, qui steriles faict Terres grasses, et belles, Et tout pour le forfaict Des habitants d'icelles.
Qui desertz d'humeur vuydes Convertit en grands eaux, Et lieux secz, et arides, En sources, et ruisseaux.
Et qui là faict venir Ceulx qui de faim languissent, Lesquelz, pour s'y tenir, Des Villes y bastissent:
Y semer champs se peinent, Et vignes y planter, Qui touts les ans ameinent Fruict, pour les sustenter.
Là, les fortune en biens, Les croist, les continue, Et leur bestail en riens Il ne leur diminue.
Puis descroissent de nombre, Viennent à rarité, Par maulx, et par encombre, Et par sterilité.
Riches, nobles, et grands, Mesprisés il renvoye, Par deserts lieux errants, Où n'a chemin, ne voye.
Et esleve, et delivre Le paovre hors d'ennuy, Et force gens faict vivre, Comme ung trouppeau, soubs luy.
Ce voyant, ont aux cueurs Les justes joye enclose, Et de Dieu les mocqueurs S'en vont la bouche close.
Qui a sens, et prudence, Garde à cecy prendra: Lors la grande clemence Du Seigneur entendra.
XVI Dixit Dominus Domino meo
Argument: Il chante le regne de Christ lequel commença en Sion et de là pervint jusques aux fins de la terre et continuera jusques à ce que Christ soit adoré universellement et que de ses ennemys il ayt fait son marchepied.
L'Omnipotent à mon Seigneur, et maistre A dit ce mot: A ma dextre te sieds, Tant que j'auray renversé, et faict estre Tes ennemys le scabeau de tes pieds.
Le sceptre fort de ton puissant Empire En fin sera loing de Syon transmys Par l'Eternel, lequel te viendra dire: Regne au milieu de touts tes ennemys.
De son bon gré ta gent bien disposée, Au jour tressainct de ton sacre courra: Et aussi dru qu'au matin chet rosée, Naistre en tes filz ta jeunesse on verra.
Car l'Eternel, sans muer de courage, A de toy seul dit, et juré avec: Grand Prebstre, et Roy, tu seras en tout eagé, Ensuyvant l'ordre au bon Melchisedec.
A ton bras droict Dieu ton Seigneur, et Pere, T'assistera aux belliqueux arroys, Là, où pour toy, au jour de sa colere, Rompra la teste à Princes, et à Roys.
Sur les Gentilz exercera justice, Remplira tout de corps morts envahis, Et frappera, pour le dernier supplice, Le chef regnant sur beaulcoup de pays.
Puis, en passant au milieu de la plaine, Des grands ruisseaux de sang s'abbruvera. Par ce moyen, ayant victoire pleine, La teste hault, tout joyeulx, levera.
XVII Confitemini Domino, quoniam
Argument: C'est ung hymne par lequel David delivré de tous maulx et eslevé Roy sur tout Israel, rendit publicquement grâces à Dieu au tabernacle de l'alliance, là où d'ung grand cueur il celebra la bonté dont il avoit usé envers luy et là se monstre clairement figure de Jesuchrist.
Rendez à Dieu louange, et gloire, Car il est bening, et clement. Qui plus est, sa bonté notoire Dure perpetuellement.
Qu'Israel ores se recorde De chanter solennellement, Que sa grande misericorde Dure perpetuellement.
La maison d'Aaron ancienne Vienne tout hault presentement Confesser que la bonté sienne Dure perpetuellement.
Touts ceulx qui du seigneur ont crainte, Viennent aussi chanter comment Sa bonte pitoyable, et saincte, Dure perpetuellement.
Ainsi que j'estoys en destresse, En invocquant sa Majesté, Il m'ouyt, et de ceste presse Me mist au large, à saulveté.
Le tout puissant, qui m'ouyt plaindre, Mon party tousjours tenir veult, Qu'ay je doncq que faire de craindre Tout ce que l'homme faire peult?
De mon costé il se retire Avecq ceulx qui me sont amys: Ainsi, cela que je desire Je verray en mes ennemys.
Mieulx vault avoir en Dieu fiance Qu'en l'homme, qui est moins que riens: Mieulx vault avoir en Dieu fiance Qu'aux Princes, et grands terriens.
Beaulcoup de gens, c'est chose seure, M'assiegearent de touts costés: Au nom de Dieu, ce dy je à l'heure, Ilz seront par moy reboutés.
Ilz m'avoyent enclos par grand' ire, Enclos m'avoyent touts mutinés: Au nom de Dieu, ce vins je à dire, Ilz seront par moy ruinés.
Ilz m'avoyent enclos comme abeilles, Et furent, les folz, et haultains, Au nom du grand Dieu des merveilles, Comme feu d'espines estainds.
Tu as, importun adversaire, Rudement contre moy couru, Pour du tout tresbucher me faire, Mais l'Eternel m'a secouru.
Le Toutpuissant, c'est ma puissance, C'est l'argument, c'est le discours De mes vers pleins d'esjouyssance, C'est de luy que j'ay heu secours.
Aux maisons de mon peuple juste On n'oyt rien que joye, et confort, On chante, on dit, le bras robuste Du Seigneur a faict grand effort.
De l'Eternel la main adextre S'est eslevée à ceste foys, Dieu a faict vertu par sa dextre, Telle est du bon peuple la voix.
Arriere ennemys, et envie, Car la mort point ne sentiray, Ainçoys demoureray en vie, Et les faicts du Seigneur diray.
Chastié m'a, je le confesse, Chastié m'a, puny, battu, Mais point n'a voulu sa haultesse Que par mort je fusse abattu.
Ouvrez moy les grands portes belles Du sainct Temple aux justes voué, Affin que j'entre par icelles Et que Dieu soit par moy loué.
Ces grands portes sumptueuses Sont les portes du Seigeur Dieu: Les justes gens, et vertueuses, Peuvent passer tout au milieu.
Là diray ta gloyre supreme, Là par moy seras celebré, Car en adversité extreme Exaulcé m'as, et delivré.
La pierre par ceulx rejectée Qui du bastiment ont le soing, A esté assise, et plantée Au plus hault du principal coing.
Cela, c'est une oeuvre celeste, Faicte, pour vray, du Dieu des dieux, Et ung miracle manifeste, Lequel se presente à noz yeulx.
La voicy l'heureuse journée Que Dieu a faicte à plein desir, Par nous soit joye demenée, Et prenons en elle plaisir.
Or te prions, Dieu nostre Pere, En ta garde à ce coup nous tien, Et en fortune si prospere D'orenavant nous entretien.
Beneit soit qui au Nom tresdigne Du Seigneur est venu icy: O vous, de la maison divine, Nous vous beneissons touts aussi.
Dieu est puissant, doulx, et propice, Et nous donra lumiere à gré: Lyez le boeuf du sacrifice Aux cornes de l'autel sacré.
Tu es le seul Dieu que j'honnore, Aussi sans fin te chanteray: Tu es le seul Dieu que j'adore, Aussi sans fin t'exalteray.
Rendez à Dieu louange, et gloyre, Car il est bening, et clement. Qui plus est, sa bonté notoyre Dure perpetuellement.
XVIII Beati omnes, qui timent Dominum
Argument: Il dit que ceulx qui vrayment craignent et ayment Dieu sont heureux soit en public soit en privé.
Bienheureux est quiconques Sert à Dieu vouluntiers, Et ne se lassa oncques De suyvre ses sentiers.
Du labeur que sçays faire Vivras commodement, Et yra ton affaire Bien, et heureusement.
Quant à l'heur de ta ligne, Ta femme en ta maison Sera comme une vigne, Portant fruict à foison.
Et autour de la table Seront tes enfants beaulx, Comme ung reng delectable D'oliviers touts nouveaulx.
Ce sont les benefices Dont seras jouyssant Celluy qui, fuyant vices, Craindra le Toutpuissant.
De Syon Dieu sublime Te fera tant de bien, De veoir Hierosolyme En tes jours aller bien.
Et verras de ta race Double posterité, Et sur Israel grâce, Paix, et felicité.
XIX Pseaulme Cent trentehuictiesme Confitebor tibi Domine in toto corde
Argument: Il celebre la bonté de Dieu qui l'avoit retiré de tous perilz et heureusement eslevé en dignité royale: puis chante qu'il en rendra grâces à Dieu et que mesmes tous autres Roys luy en donneront louange: se promet aussi qu'à l'advenir le secours de Dieu ne luy fauldra point.
Il fault que de touts mes Espritz Ton loz, et pris J'exalte, et prise. Devant les grands me presenter, Pour te chanter, J'ay faict emprise.
En ton Sainct Temple adoreray, Celebreray Ta renommée, Pour l'amour de ta grand' bonté Et feaulté Tant estimée.
Car tu as faict ton Nom moult grand En te monstrant Vray en parolles: Des que je crie, tu m'entends. Quand il est temps Mon cueur consoles.
Dont les Roys de chascun pays Moult esbahys T'ont loué, Sire, Apres qu'ilz ont congneu que c'est Ung vray arrest Que de ton dire.
Et de Dieu, ainsi que je fays, Chantent les faictz A sa memoyre, Confessants que du Toutpuissant Resplendissant Grande est la gloyre.
De veoir si bas tout ce qu'il fault De son plus hault Throne celeste, Et de ce qu'estant si loingtain, Grand, et haultain, Se manifeste.
Si au milieu d'adversité Suis agité, Vif me preserves, Sur mes ennemys inhumains Jectes les mains, Et me conserves.
Et parferas mon cas tout seur, Car ta doulceur Jamais n'abaisses: Ce qu'une foys as commencé, Et advancé, Tu ne delaisses.
XX Luc II Nunc dimittis servum tuum Domine
Or laisses, Createur, En paix ton serviteur Ensuyvant ta promesse: Puis que mes yeulx ont heu Ce credit d'avoir veu De ton Salut l'addresse.
Salut mys au devant De ton peuple vivant, Pour l'ouyr, et le croyre: Ressourse des petitz, Lumiere des Gentilz, Et d'Israel la gloyre.
Fin des vingt Psalmes derniers, traduitz par Clement Marot: comprins le Cantique de Simeon.
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