J'ay entendu, tres illustre compaigne,
Que contre toy se sont mys en campaigne
Les haulx quantons du lac pharisien:
Par quoy soudain du camp Elisien
J'ay faict sortir troys de mes damoyselles,
Pour te monstrer le plus grand de mes zelles,
Qui est d'oyr nouvelles briefvement
De la defaicte et prompt definement
De ceste race inutille et contraire
A ce bon Christ, lequel me vint retraire
Hors des enfers, lorsqu'il y descendit,
Et à repos en ce lieu me rendict.
C'est luy pour vray, tant liberal et large,
Qui m'a donné expressement la charge
De depescher ces troys nymphes armées,
Que Dieu son pere a faictes et formées.
L'une est Fealle, l'autre c'est Charité,
L'autre Esperance. O noble Margueritte,
Veulx tu sçavoir que la moindre feroit
En ung besoing? Tout ung camp deferoit.
Mais vraye amour de si pres les assemble
Que fault tousjours qu'elles voysent ensemble.
Or les reçoy, car en effaict ce sont
Celle qui tant de force et puissance ont
Que n'est maling qui ne fuie ou se rende.
J'eusse bien mys au camp toute ma bande:
Mais ces troys cy, croy moy, sont assez fortes
Pour des enfers rompre les doubles portes.
Regarde donc de ces petitz humains
Qu'elles feront, s'ilz tumbent en leurs mains:
Heureux seront, tant elles sont prisées.
Faict et escript aux beaulx champs Elisées.
Suscription
Lettres, prenez le chemin seur
Devers Marguerite, ma soeur. |